Le Canton de Potton, qui a suscité la controverse en autorisant les véhicules hors route (VHR) à circuler sur ses chemins locaux, vient de voir son règlement municipal rejeté par Québec. « Le maire a été avisé que nous allons désavouer son règlement », a indiqué à La Presse la porte-parole du ministre des Transports, François Bonnardel.

Le règlement adopté en mai dernier par la municipalité du Canton de Potton permet de circuler en VHR et en motoneige sur tous les chemins municipaux (excluant les portions de routes relevant du ministère des Transports) durant toute l’année. Les vitesses permises sur ce réseau vont de 30 à 70 km/h.

Cette initiative avait suscité des critiques et des inquiétudes de résidants. « Potton vient de légaliser le danger », avait notamment dénoncé la réalisatrice Manon Barbeau sur sa page Facebook.

« Je trouve malheureux que le ministre exerce son droit de désaveu », a commenté le maire Jacques Marcoux, qui a été prévenu verbalement vendredi dernier, mais attendait de voir les détails de la lettre envoyée hier.

« La circulation des VHR sur nos routes municipales secondaires, ça se fait couramment, et illégalement. Depuis que nous avons adopté le règlement, les citoyens de Potton ont fait en sorte de respecter les règles et que leurs véhicules rencontrent les normes », a-t-il fait valoir.

D’autres municipalités permettent la circulation des VHR sur des voies dont ils ont la responsabilité, mais la plupart ne l’autorisent pas sur l’ensemble de leur réseau et le font pour faciliter l’accès aux sentiers, explique la porte-parole du ministre.

À Potton, il n’y a aucun sentier VHR à l’intérieur de la municipalité ou à proximité. Ce n’est pas l’esprit de la loi que des véhicules hors route soient autorisés sur la route de façon principale.

Florence Plourde, porte-parole du ministre François Bonnardel

Vives réactions

Le conseiller municipal à l’origine du règlement a vivement réagi. « Est-ce qu’ils savent qu’on a une mesure de contrôle pour s’assurer que c’est seulement les citoyens du Canton de Potton qui vont circuler sur leurs routes ? », demande Bruno Côté. Jusqu’ici, seulement 113 VTT (véhicules tout-terrain) ont été ainsi enregistrés à l’hôtel de ville, dit-il

Le danger des quads (véhicules tout-terrain à quatre roues) sur les routes a déjà fait l’objet de sérieuses mises en garde d’un coroner. Des 300 Québécois qui ont perdu la vie en quad entre 2000 et 2010, près de la moitié (148) sont morts sur la route. « C’est un lourd bilan quand on considère que les quads ne sont pas autorisés à circuler sur la voie publique ; c’est un bilan d’autant plus lourd […] qu’on peut supposer que les quads effectuent un kilométrage bien supérieur hors route que sur la route », a souligné le Dr Jean Brochu en 2013.

Selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), qui incluent plusieurs autres types de véhicules (motocyclettes tout-terrain, VHR à trois roues, etc.), les accidents de VTT ont causé 29 décès par an en moyenne au cours des six dernières années, dont un peu plus de 10 % sur le réseau routier. Les accidents de motoneige ont coûté la vie à 25 Québécois en moyenne par an durant la même période, dont 20 % sur les routes.

Rappelons que les immatriculations des propriétaires de VHR et de motoneiges n’incluent pas d’assurance pour les dommages corporels. Les usagers ne sont donc pas couverts par le régime public en cas de blessures ou de décès, sauf si l’accident implique une automobile ou un autre véhicule assuré auprès de la SAAQ.