(Québec) Les intervenants oeuvrant sur le terrain à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) lancent un appel au secours au gouvernement Legault.

Ils disent crouler sous la charge de travail, ayant chacun d’eux beaucoup trop de dossiers à traiter pour répondre adéquatement aux besoins des enfants vulnérables.

Après une année de gouvernance caquiste, ils estiment que le temps est venu de passer à l’action en investissant massivement, dès maintenant, en protection de la jeunesse, pour éviter que d’autres drames, comme celui survenu le printemps dernier à Granby, ne se produisent.

En conférence de presse mardi, trois porte-parole de l’Association du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ont soutenu que leurs membres étaient au bout du rouleau.

C’est un fait que le nombre de signalements faits à la DPJ ne cesse d’augmenter, atteignant le nombre record de 105 644 l’an dernier, une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.

Conséquence : sur le terrain, les travailleurs sociaux ont toujours plus de dossiers à traiter en un temps record, ayant selon eux trop peu de temps à consacrer à chaque famille, d’autant plus que le gouvernement accroît la pression pour diminuer les listes d’attente.

Ils réclament donc l’injection annuelle de 270 millions dans le réseau pour répondre aux besoins, notamment par l’embauche de personnel qualifié, ce qui pourra entraîner la réduction de leur charge de travail.

En parallèle, alors que les négociations en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public doivent commencer sous peu, ils affirment que les intervenants de la DPJ sont sous-payés et qu’un rattrapage salarial s’impose si on veut retenir le personnel en place. Ils déplorent des conditions de travail difficiles, comme le fait de devoir fournir leur propre téléphone cellulaire.

Le taux de rétention du personnel dans le réseau de la DPJ est un problème récurrent.

Après une année en fonctions, le ministre responsable de la DPJ, Lionel Carmant, n’a pas passé le test, selon le syndicat des intervenants.

« Il a fait preuve d’écoute, maintenant il doit faire preuve d’action. Il doit valoriser le travail en centre jeunesse. Il doit clairement envoyer un message à la population à cet égard-là, et convaincre ses collègues de réinjecter l’argent qui est nécessaire », a résumé le vice-président du syndicat, Stephen Léger.

« Il doit se mouiller plus rapidement », selon lui.

Le ministre Carmant a débloqué 47 millions en juillet pour favoriser l’embauche de personnel et ainsi diminuer les listes d’attente. Mais selon le syndicat, cette somme, nettement insuffisante, n’aura permis que de stabiliser les équipes déjà en place (en offrant des postes à ceux qui figuraient sur une liste de rappel ou en transformant des postes surnuméraires en postes permanents, par exemple), mais sans ajout de nouvelles ressources en première ligne.

Ils donnent l’exemple de la situation à la DPJ de Granby, en faisant valoir qu’il n’y a pas plus de personnel aujourd’hui sur place que lors du drame survenu le printemps dernier, laissant sous-entendre qu’une telle situation pourrait se reproduire n’importe quand.

Fin avril, tout le Québec était en émoi : une fillette âgée de 7 ans, à Granby, avait perdu la vie, martyrisée, alors qu’elle était connue de la DPJ depuis son plus jeune âge. Elle avait été trouvée ligotée, dans la maison familiale.

Le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, a interpellé le ministre Carmant en Chambre, en lui reprochant d’avoir injecté seulement 47 millions dans le réseau des DPJ, soit « 17 % des sommes manquantes, et, pendant ce temps, sur la colline parlementaire à Québec, on prévoit, on anticipe des surplus qui pourraient atteindre 8 milliards ».

Le ministre a répliqué qu’il poursuivait toujours l’objectif de « vider » la liste d’attente pour obtenir la visite d’un intervenant de la DPJ à la suite d’un signalement, et ce, « d’ici la prochaine année ».