(Ottawa) L’armée canadienne soutient qu’elle fait des progrès dans sa lutte contre les inconduites sexuelles, citant un nouveau rapport qui indique une diminution constante depuis trois ans du nombre de plaintes déposées auprès des commandants.

Les militaires continuent quand même de signaler chaque année des centaines d’incidents de comportement inapproprié, voire criminel, à leur chaîne de commandement.

Le Rapport de suivi sur les cas d’inconduite sexuelle en 2019, publié mardi, indique que les commandants ont reçu un total de 302 plaintes d’inconduite sexuelle entre avril 2018 et mars 2019, ce qui représente une baisse de 25 % par rapport à 2017-2018 et de 33 % par rapport à 2016-2017.

La directrice générale de l’équipe d’intervention en cas d’inconduite sexuelle dans l’armée a toutefois admis qu’il faudrait davantage de données avant de déterminer qu’il s’agit là d’une tendance lourde.

Mais la commodore Rebecca Patterson estime qu’il y a lieu d’être optimiste compte tenu des conclusions du rapport de suivi et des résultats d’une enquête de Statistique Canada, publiés plus tôt cette année.

Cette enquête, menée auprès de 36 000 militaires, révélait que 70 % des répondants avaient été témoins ou avaient subi un comportement sexuel ou discriminatoire au cours des 12 mois précédents, soit 10 % de moins que dans un sondage semblable mené deux ans plus tôt.

« Nos efforts collectifs commencent à porter leurs fruits, a soutenu mardi la commodore Patterson. Même si des progrès ont été réalisés, il faut du temps pour instaurer la confiance et produire des résultats durables, car ce problème est profondément enraciné dans la société et touche un large éventail d’organisations. »

Dans un rapport d’enquête explosif publié en 2015, la juge à la retraite de la Cour suprême Marie Deschamps avait parlé d’une véritable « culture de la sexualisation » au sein de l’armée. Le chef d’état-major de la défense, le général Jonathan Vance, avait alors lancé l’opération « HONOUR », pour lutter contre les comportements sexuels inappropriés et criminels.

Entre autres mesures de l’opération « HONOUR », tous les incidents d’inconduite sexuelle signalés à la chaîne de commandement militaire doivent maintenant être consignés. Le rapport publié mardi est le premier produit à partir de ce Système de suivi et d’analyse de l’opération « HONOUR », qui contient donc les incidents consignés depuis avril 2016.