(Montréal) Les intervenantes, les psychologues et les travailleuses sociales des centres jeunesse n’ont pas à payer la note pour le manque d’effectifs, les compressions budgétaires passées et les choix ministériels qui ont conduit à la situation dans laquelle on se retrouve aujourd’hui, estime Carolle Dubé, présidente de l’APTS.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, jeudi, la présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) — l’organisation syndicale qui les représente — a rapporté que le décès de la fillette de 7 ans à Granby a touché ses membres au centre jeunesse de l’Estrie, bien sûr, mais aussi dans tout le Québec.

« C’est très difficile actuellement. C’est très, très difficile pour l’équipe de l’Estrie, mais je vous dirais que c’est très difficile pour à peu près tous les intervenants au Québec, parce qu’il y en a certains qui se disent que ça aurait pu arriver dans leur équipe, dans leur centre à eux », a rapporté Mme Dubé.

Le quotidien de ses membres, travailleuses sociales, psychologues, agentes de relations humaines, est fait de surcharge de travail, de listes d’attente, de postes laissés vacants, d’interventions à prioriser, à faire dans des conditions où elles ne sont pas souvent les bienvenues, de comparutions à faire devant un juge, de rapports à remplir… et de la pression qui s’ensuit.

Et comme ces postes en centre jeunesse sont lourds, ils sont parfois « délaissés par les gens qui ont plus d’ancienneté » et l’on se retrouve en centre jeunesse avec du personnel « qui n’a pas beaucoup d’expérience dans le corps » pour subir toute cette pression, a rapporté Mme Dubé.

Compressions en aval et en amont

Mme Dubé montre du doigt les compressions budgétaires passées, non seulement dans les centres jeunesse, mais également en amont, dans les écoles et en prévention.

« Au cours des dernières années, on a effrité le filet social en réduisant les services dans nos réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux. Les gouvernements ont fait des choix de réduire au niveau de la prévention, de réduire les effectifs dans les écoles, ce qui fait qu’aujourd’hui, ce qu’on vit, c’est un nombre beaucoup plus important d’enfants qui se retrouvent en centre jeunesse, un nombre plus important de signalements, parce qu’on ne les prend pas en charge assez rapidement », a expliqué Mme Dubé.

« On ne peut pas continuer à demander de faire plus, avec moins de moyens pour le faire », a plaidé la présidente de l’APTS.

Solutions

La solution, dit-elle, passe par un réinvestissement dans les ressources humaines pour soutenir les équipes en place et éviter que pareille situation ne se reproduise.

Parmi les autres solutions, il faudra aussi rediscuter de certains choix que l’on a faits, repenser l’ensemble du système qui offre des services aux jeunes, croit Mme Dubé.