Une équipe d’urgence formée de pompiers, de cols bleus et de militaires a réussi à sauver une centaine de maisons de l’inondation dans la rue De Gaulle, hier, dans l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, en réparant in extremis la digue qui menaçait de céder face aux assauts de la rivière des Prairies.

Le chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), Martin Guilbault, a affirmé hier à La Presse que c’est la réponse rapide d’une équipe d’intervention formée de cols bleus de la Ville de Montréal, des villes liées et des arrondissements touchés par les inondations qui a permis de colmater la brèche à temps.

« Le travail des dizaines de policiers, pompiers, militaires et cols bleus a permis de sauver une centaine de maisons, parce que si la brèche avait continué de s’ouvrir, elle aurait inondé la rue De Gaulle » sur plusieurs dizaines de mètres, affirme M. Guilbault.

Une autre de ces équipes « mixtes » est intervenue, hier après-midi, pour renforcer une autre digue dans le secteur Ahuntsic. Une troisième sera prête à intervenir d’urgence si des ouvrages de rétention montrent des signes d’affaiblissement. Ces équipes ont été créées à la demande du coordonnateur des mesures d’urgence à la Ville de Montréal et directeur du SIM, Bruno Lachance, pour assurer une réponse rapide aux débordements qui menacent toujours les propriétés de milliers de riverains de la rivière des Prairies et du lac des Deux Montagnes.

« L’idée, c’est simplement qu’à la première alerte, on puisse mobiliser le personnel, les ressources, les camions, les sacs de sable et les services d’urgence, pour éviter d’autres dommages, dit M. Guilbault. C’est parce qu’on est prêts à intervenir rapidement, et qu’on fait une rétroaction sur toutes nos interventions, qu’on compte seulement une centaine de résidences évacuées dans toute l’île. »

« En 2017, rappelle-t-il, on en avait plus de 400. Tout le travail qu’on a accompli dans les 10 derniers jours, on veut pas le perdre. »

REFOULEMENTS RÉGLÉS

Les services municipaux de Montréal ont aussi savouré une victoire sur le sinistre, hier matin, en réussissant à bloquer les refoulements du réseau pluvial qui inondaient une partie des boulevards de Pierrefonds et Gouin depuis des jours, en face de la mairie de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro.

Cette opération, qui s’est déroulée sur plusieurs jours et qui a mobilisé des dizaines de cols bleus et d’employés du service des eaux, s’est conclue dans la nuit de lundi à hier par une intervention d’envergure qui a nécessité l’utilisation d’un batardeau, d’un ballon géant, de plongeurs spécialisés et de plus de 300 camions chargés de pierres.

Le réseau pluvial de Montréal est conçu pour récupérer les eaux de ruissellement ou de pluie, puis les ramener vers la rivière. Ses émissaires, où circulent les eaux récupérées pour retourner à la rivière, sont de grosses conduites pouvant aller jusqu’à 3 mètres (10 pieds) de diamètre.

Normalement, l’eau devrait circuler dans le réseau pluvial en direction de la rivière. Lorsque l’embouchure des émissaires se retrouve immergée sous plusieurs mètres d’eau, comme c’est le cas actuellement, la circulation de l’eau s’inverse. Et sous la pression qui s’exerce dans les conduites pluviales, l’eau se met à surgir en gros bouillons de tous les regards d’égout pour inonder les voies de circulation.

« Des cols bleus travaillent depuis des jours à boucher des égouts pluviaux situés à différents endroits stratégiques, explique le chef Martin Guilbault. Mais il en restait un à fermer, qui était sous l’eau, trop loin pour la machinerie. Il fallait donc construire un « chemin » sur une trentaine de mètres pour pouvoir s’y rendre. »

Dans la nuit de lundi à hier, les employés municipaux ont déversé dans l’eau un total de 300 camions de petites pierres, le long du chemin de la Rive-Boisée, créant ainsi une sorte de jetée, jusqu’à l’embouchure des émissaires entre le chemin et la rivière, derrière le parc de la Rive-Boisée.

Une sorte d’énorme ballon a été descendu dans la moins grande des deux conduites (2,5 mètres de diamètre). Une fois en place, le ballon a été gonflé d’air et d’eau jusqu’à ce que ses parois bloquent complètement le passage des eaux vers la rivière. La technique n’a pas fonctionné pour la plus grande conduite, qui a dû être bouchée à l’aide d’un batardeau, fixé à l’embouchure, pour mettre un terme aux refoulements.