«C'est beau ici, mais là, c'est trop. On va sérieusement penser à  déménager», dit Meg Sinclair dont la maison au bord de la rivière des Outaouais, tout près du barrage Carillon est inondée, une fois encore.

Elle s'affairait ce matin à tout vider parce que dans quelques heures, la maison risque fort d'être encore plus atteinte. 

Dans la cour, la piscine est submergée. La rivière est dans la piscine, quoi. «L'eau nous apporte toutes sortes de débris», fait-elle remarquer.

«La maison, c'est notre fonds de pension, qui voudra l'acheter, maintenant ? Et si l'on prend l'indemnisation du gouvernement, avec la démolition, on perdra la moitié  de sa valeur.»

Organiser le grand départ n'a pas été évident. Les étudiants finissent leur session universitaire «et ils avaient réservé tous les camions de déménagement». 

Quelques maisons plus loin, c'est un dur retour de voyage pour Caroline Trépanier et Nicolas Bruneau-Latour. «Dire qu'il y a deux jours, nous étions en Provence», lance Mme Trépanier.

Avec des amis, ils ont travaillé  jusqu'à minuit pour tenter de protéger la maison qu'ils louent. 

À Pointe-Fortune, on tend l'oreille. Quand la sirène retentit, une porte du barrage Carillon peut s'ouvrir et envenimer les choses. 

Le problème, ici, c'est que les vagues sont fortes et claquent fort sur les fondations des maisons. 

Le chalet de Linda Benoit est inondé, mais elle est confiante, elle, qu'il s'en tirera. Il est fait fort, «il a été  bâti sur pilotis,  avec le bois de l'ancien barrage».

Sans surprise, le service de traversier entre Pointe-Fortune et Carillon est interrompu.

Rigaud: «Partez avant d'y laisser vos dernières forces»

«Vous n'êtes plus en sécurité, partez avant d'y laisser vos dernières forces. Vous devrez le faire tôt ou tard de toute façon », vient de déclarer Daniel Boyer, directeur du services des incendies de Rigaud qui ajoute que « le livre des records est en cours de réécriture ».

La situation est particulièrement critique à Rigaud-sur-le-Lac et a Pointe-Séguin. Malgré les appels d'évacuation, seules 10 familles sont parties. Environ 172 résidences seraient entourées d'eau.

Rigaud redemande aux gens d'évacuer, même si la ville ne les y oblige pas.

« S'ils restent, c'est à leurs risques et périls, nous ne pouvons plus assurer leur sécurité. »

Les résidents qui décident à aller se mettre a l'abri peuvent appeler au 450-318-9000 pour que les secours puissent aller les aider. 

Avant le départ, chacun doit s'assurer de fermer les bonbonnes de propane et l'électricité. 

À l'heure actuelle, le débit de l'eau est de 8800 mètres cubes par seconde et devrait atteindre son maximum lundi ou mardi. On prévoit une pointe de 10 400 mètres cubes par seconde.

Le député de Vachon, Ian lafrenière, a rappelé qu'«il y a érosion et  risque de glissements de terrain». 

« Je comprends que les gens veulent sauver leur maison », a dit Ian Lafrenière, mais la situation est trop critique.

Rare bonne nouvelle: le barrage de Carillon ne cause aucune inquiétude. 

Voyez nos images tournées à Rigaud vendredi :

État d’urgence à Pointe-Calumet

L’état d’urgence a été déclaré à Pointe-Calumet, dans les Laurentides, où l’immense digue de béton ne parvient plus à contenir le niveau d’eau qui pourrait atteindre une pointe de 24,99 mètres d’ici demain.

« Toutes les options sont présentement sur la table. Vous serez mis au courant dans les plus brefs délais de toutes décisions prises par l’administration municipale », peut-on lire dans un communiqué tout frais.  

Selon la dernière mise à jour de la municipalité, le niveau d’eau se situe actuellement à 24,52 mètres et des vagues peuvent déjà passer par-dessus la digue.  

Des militaires supplémentaires viendront apporter leur aide aujourd’hui. La municipalité demande aussi des bénévoles qui, dans la mesure du possible, devraient arriver avec marteau et perceuse. Le rendez-vous est donné à la salle du conseil municipal.