Pour la première fois depuis le début des inondations printanières au Québec, le nombre de sinistrés a diminué, bien que très légèrement, mardi après-midi.

Le dernier bilan émis à 19 h mardi fait état de 1377 personnes évacuées et 1941 résidences inondées, tandis que le nombre de résidences isolées, c’est-à-dire celles qui ne peuvent être rejointes en raison des voies d’accès submergées ou de glissements de terrain, s’établit à 1965.

Les experts de la sécurité publique affirment depuis quelques jours déjà que la pointe est attendue ce mardi ou mercredi, après quoi les niveaux d’eau devraient cesser d’augmenter et commencer à redescendre, quoique ce mouvement est déjà commencé en plusieurs endroits.

Les meilleures nouvelles sont en Beauce, qui représente de loin la région la plus sévèrement affectée. « La rivière Chaudière est maintenant en décrue », a indiqué le porte-parole de la sécurité civile, Éric Houde, en entrevue avec La Presse canadienne.

Les Beaucerons représentent tout de même la masse des sinistrés alors qu’on y retrouve toujours 851 personnes évacuées, 609 résidences inondées et 90 autres isolées.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a rencontré mardi à Sainte-Marie les maires de six municipalités ravagées par les débordements de la Chaudière (Sainte-Marie, Beauceville, Saint-Joseph, Saint-Joseph-de-l’Érable, Vallée-Jonction et Scott) et a laissé entrevoir l’analyse de solutions plus durables que l’intervention périodique à chaque débordement, « une réflexion plus large » portant sur des interventions « plus en amont pour éviter d’autres inondations, […] des aménagements au niveau des cours d’eau, de l’environnement ».

« Nous serons là par la suite pour avoir des discussions très constructives sur la façon dont on peut éviter autant que possible des inondations », a-t-elle promis aux élus locaux.

Les Laurentides sont également durement éprouvées avec 530 résidences inondées, 417 habitations isolées et 315 citoyens évacués.

Répit au lac Saint-Pierre

Pendant ce temps, la hausse du niveau du lac Saint-Pierre, là où le fleuve Saint-Laurent s’élargit entre les îles de Sorel et Trois-Rivières, devrait se terminer mercredi.

« Normalement on devrait commencer à voir une légère baisse au lac Saint-Pierre », a précisé Éric Houde.

« Et même la pointe est moins haute que ce qui avait été prévu. Après, le niveau des grandes marées va baisser et ça crée une pression moins forte deux fois par jour sur le lac Saint-Pierre. Ça permet au lac Saint-Pierre de se vidanger de façon plus continue dans le Saint-Laurent », a-t-il ajouté.

Le corridor Gatineau-Montréal

La rivière des Outaouais, elle, n’a toutefois pas fini de monter et si on ne s’attend pas à des dérapages brusques, il faudra s’armer de patience.

« Le secteur de Gatineau, en allant vers l’archipel de Montréal, il va y avoir encore une légère hausse », a prévenu le spécialiste de la sécurité civile.

Il note qu’au barrage de Carillon, qui se trouve à une quinzaine de kilomètres en amont de Rigaud, on enregistre un débit de 7700 mètres cubes par seconde et que l’on s’attend à ce que ce débit augmente à 8000 mètres cubes par seconde, ce qui demeure encore bien en deçà des 8800 mètres cubes par seconde enregistrés lors des inondations de 2017.

« Ça va monter tranquillement, mais la pointe qu’on attendait en début de semaine va être retardée ; avec la chaleur, la pluie, il y a un peu plus de neige qui fond », a-t-il expliqué, notant que tout le secteur montagneux du réservoir Baskatong, au bord du Parc de la Vérendrye, est toujours enneigé.

« C’est la fonte qui va faire la différence et présentement, au niveau de l’archipel de Montréal, il va y avoir une légère hausse », a-t-il précisé.

« Normalement on en a encore pour deux ou trois jours de hausse, avec deux systèmes météo aujourd’hui (mardi) et vendredi. S’il fait froid, la fonte sera plus lente. En même temps, Carillon va augmenter le débit. On n’a pas les mêmes niveaux qu’en 2017, mais il y a plus d’eau qui va descendre quand même. »

Estrie

Une vigilance demeure aussi de mise en Estrie, où les barrages de la rivière Saint-François « ont gardé de l’eau au maximum, donc ils devront ouvrir », a fait valoir Éric Houde.

« Le secteur de Weedon devrait rester haut. Par contre, à Sherbrooke, tout ce qui est en aval, la Saint-François vers Drummondville, ça va peut-être rester haut, mais on est loin des 21 pieds qu’on a déjà eus. »

Météo : pluie modérée

« L’Outaouais va recevoir de l’eau, graduellement, en soirée (mardi) et Montréal, le centre du Québec, en recevront en soirée et durant la nuit et la Beauce en recevra encore un peu demain (mercredi) », a pour sa part confié Simon Legault, météorologue à Environnement Canada.

Selon lui, ce sont tout de même des apports « modérés », soit de 10 à 20 millimètres. « C’est un apport qui peut venir jouer sur les niveaux des rivières, mais comme plusieurs seront en décrue, ça va peut-être juste ralentir un peu la décrue de certains plans d’eau. »

Et Dame Nature va donner un petit coup de pouce qui ne plaira sans doute pas à ceux qui ne sont pas inondés, mais qui sera accueilli avec joie par les intervenants sur le terrain, puisque l’on prévoit un refroidissement des températures et, donc, une fonte beaucoup plus lente.

D’autres précipitations sont attendues vendredi et celles-là devraient épargner « en grande partie l’Outaouais », selon M. Legault, mais on parle d’un peu plus d’eau, soit de 15 à 25 millimètres, qui s’abattront plutôt « au sud du fleuve Saint-Laurent jusqu’en Gaspésie, ainsi que les régions qui bordent le fleuve au nord, comme la région de la Mauricie et de Québec. La Beauce va être touchée, l’Estrie, la Mauricie, ce qui pourrait amener une quantité significative d’eau à certaines rivières » dans ces régions, selon le météorologue.

Surveillance du côté nord

Les regards de la sécurité civile se tournent maintenant de façon plus attentive sur les cours d’eau plus au nord, en Mauricie, dans les régions de Québec et de Charlevoix.

« Le côté nord du Saint-Laurent, avec la neige, on voit des rivières qui sont quasiment en situation hivernale et on voit le commencement de la débâcle qui est en train de se produire », a fait valoir Éric Houde.

« Ce sont des secteurs sous surveillance ; des petites rivières, des petits cours d’eau qui vont monter rapidement et qui vont descendre rapidement, mais les municipalités les connaissent et les gens mettent en place les mesures d’urgence de façon annuelle », a-t-il précisé.

Inondations majeures

Fleuve Saint-Laurent, au lac Saint-Pierre, en hausse

Lac des Deux Montagnes, à Pointe-Calumet, en hausse

Lac des Deux Montagnes, à la Baie Quesnel, en baisse

Lac des Deux Montagnes, à la Baie de Rigaud, en baisse

Rivière Chaudière, en aval du barrage Mégantic, en baisse

Inondations moyennes

Fleuve Saint-Laurent, à Trois-Rivières, en hausse

Lac des Deux Montagnes, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en hausse

Lac des Deux Montagnes, à Terrasse-Vaudreuil, en hausse

Lac des Deux Montagnes, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en baisse

Lac Louise, à Weedon, en baisse

Lac Maskinongé, à Saint-Gabriel-de-Brandon, en hausse

Rivière Chaudière, au pont-route 276 à Saint-Joseph, en baisse

Rivière de la Petite Nation, à 1,6 km en amont de Ripon, en hausse

Rivière des Mille-Îles, à Bois-des-Filion, en baisse

Rivière du Nord, en amont du pont du CN à Saint-Jérôme, en hausse

Rivière du Nord, en aval du pont du CP à Sainte-Agathe-des-Monts, en baisse

Rivière L’Assomption, au pont-route 158 à Joliette, en baisse

Rivière Rouge, en amont de la chute McNeil, en hausse

Rivière Saint-Charles, en amont de la Lorette, en baisse

Rivière Saint-François, en aval du barrage Aylmer, en baisse

Inondations mineures

Fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie, en hausse

Fleuve Saint-Laurent, à Bécancour, en baisse

Fleuve Saint-Laurent, à Port-Saint-François, en baisse

Fleuve Saint-Laurent, à Sorel, en baisse

Lac Aylmer, au quai de Stratford, en baisse

Lac Memphrémagog, à Memphrémagog, en hausse

Lac Saint-Louis, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en hausse

Rivière Chaudière, au pont-route 218 à Saint-Lambert-de-Lauzon, en baisse

Rivière Chaudière, au pont-route 216 à Sainte-Marie, en baisse

Rivière Chaudière, au nord du pont-route 171 à Scott, en baisse

Rivière des Mille Îles, en amont du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en baisse

Rivière des Mille Îles, en aval du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en hausse

Rivière des Outaouais, à Ottawa, au parc Britannia, en baisse

Rivière des Outaouais, à la marina de Hull, en hausse

Rivière des Prairies, à la tête des rapides du Cheval Blanc, en baisse

Rivière des Trois-Pistoles, en amont du pont-route 132, en hausse

Rivière du Diable, en amont du pont de la route 117, en baisse

Rivière du Loup, au pont-route à Saint-Joseph-de-Kamouraska, en baisse

Rivière du Nord, au pont de la route 148 à Lachute, en hausse

Rivière Maskinongé, au pont du CN près de Sainte-Ursule, en baisse

Rivière Matawin, en aval du pont-route 131 à Saint-Michel-des-Saints, en hausse

Rivière Nelson, au pont de l’autoroute 573, secteur Val-Bélair à Québec, en hausse

Rivière Noire, en amont du pont-route à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, en hausse

Rivière Ouareau, à la tête des chutes Dorwin, en hausse

Rivière Picanoc, sur le chemin du Lac-Cayamant à Gracefield, en baisse

Rivière Saint-François, au lac Aylmer à Weedon, en baisse

Rivières et plans d’eau sous surveillance

Rivière Du Loup, Fleuve Saint-Laurent, Lac Champlain, Lac Massawipi, Lac Mégantic, Rivière Batiscan, Rivière Beaurivage, Rivière Bécancour, Rivière Chaudière, Rivière du Lièvre, Rivière Etchemin, Rivière Famine, Rivière Gatineau, Rivière l’Assomption, Rivière Mastigouche, Rivière Ouelle, Rivière Richelieu, Rivière Saint-François