Les mormons veulent un nouveau nom. Le chef de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a pris cette décision après avoir eu une « révélation ». Mais effacer un nom utilisé depuis des dizaines d’années ne sera pas simple.

Révélation

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L’un des lieux de culte de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est situé rue de l’Orphelinat, à Montréal.

En août dernier, le chef de l’Église, Russell Nelson, a dévoilé dans un communiqué qu’il fallait dorénavant éviter le terme « mormon » et le sigle LDS (Latter-day Saints, soit saints des derniers jours, en anglais) pour désigner son Église. « Ce n’est pas l’Église mormone », a-t-il déclaré deux jours plus tard devant 4000 fidèles réunis au Palais des congrès de Montréal, selon un article publié sur le site officiel du groupe. « Ce n’est pas l’Église LDS. Ce n’est pas l’Église des saints des derniers jours. »

Depuis, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a modifié toute sa littérature, même si elle conserve les noms de domaine mormonnews.org et lds.org pour éviter la confusion. « On veut insister sur Jésus-Christ », explique Mélanie Bouffard, une fidèle de Boisbriand vers qui les porte-parole québécois de l’Église ont dirigé La Presse pour une entrevue. « Le mot “mormon” a parfois été utilisé péjorativement. » Y aura-t-il un adjectif, pour éviter d’utiliser le nom de l’Église au complet, notamment dans les titres des journaux, ou quand on mentionne des chrétiens de différentes dénominations – catholiques, protestants, orthodoxes – dans la même phrase ? « Pas pour le moment, dit Mme Bouffard. Je ne sais pas quels sont les plans à ce sujet. »

Transmission

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Mélanie Bouffard, membre de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

Mélanie Bouffard fait partie de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours depuis sa naissance, alors que ses parents y ont adhéré il y a 40 ans à la suite de la visite d’un missionnaire. À l’âge de 21 ans, comme tous les fidèles, elle a été missionnaire au Missouri (2 ans pour les garçons, 18 mois pour les filles). Elle a aujourd’hui quatre enfants de 6, 9, 10 et 13 ans et vient de recommencer à travailler, comme surveillante dans une école, parce que son dernier vient d’entrer à l’école. « Comme des gens normaux, mes enfants vont à l’école de quartier, le plus vieux a les défis de l’adolescence », dit Mme Bouffard. L’aîné va-t-il être missionnaire lui aussi ? « On aimerait ça, mais on ne va pas le forcer. »

Avant sa naissance, elle a occupé divers postes de gérante dans des magasins, au service à la clientèle et aussi dans une usine. Détail particulier, dans leurs courriels, les porte-parole de l’Église la désignaient sous le nom de « Mme Tremblay ». « C’est le nom de mon mari, mais dans la vie de tous les jours, j’utilise mon nom de jeune fille. »

L’a b c des mormons

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Cérémonie religieuse de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, à Montréal

Selon l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, au VIe siècle avant Jésus-Christ, un groupe d’israélites appelés Néphites sont arrivés en Amérique du Nord où, 900 ans plus tard, un prophète appelé Mormon a inscrit des révélations divines sur des tablettes d’or par la suite enterrées, puis retrouvées par le fondateur de l’Église, Joseph Smith. « Pour nous, Dieu n’a pas cessé de s’adresser aux prophètes après Jésus », dit Mme Bouffard. Les fidèles se rencontrent dans des églises, qui sont ouvertes à la population générale, mais seuls les membres de l’Église peuvent pénétrer dans les temples, qui sont surtout utilisés pour des rites particuliers comme le mariage. Celui du Québec se trouve à Longueuil.