(Québec) Coup de balai au CÉROM, ce centre de recherche sur les grains éclaboussé depuis janvier par des allégations d’ingérence de l’industrie des pesticides.

Le président de l’organisme, Christian Overbeek, s’est retiré et les membres réunis en assemblée mercredi soir ont accepté toutes les recommandations d’un rapport qui vise à rétablir l’indépendance de sa gouverne, dans la foulée des révélations de l’agronome Louis Robert.

Le gouvernement avait rendu l’attribution de son financement conditionnel à cette réforme, a rappelé le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, en commission parlementaire jeudi consacrée à l’étude des crédits de son ministère.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, le directeur général du CÉROM, Pierre Fréchette, a indiqué que M. Overbeek avait choisi de son propre chef de se retirer mercredi soir, sans expliquer ses raisons. M. Overbeek est également président des Producteurs de grains du Québec et il avait proposé de démissionner en février, quand le CÉROM était en pleine tempête.

L’élection de son successeur aura lieu en juin et entre-temps une administratrice assume l’intérim, a précisé M. Fréchette.

Il a aussi confirmé que les recommandations du rapport confectionné par les HEC en vue de changer les règles de gouverne de l’organisme ont toutes été entérinées.

Ainsi, le conseil d’administration sera maintenant constitué en majorité d’administrateurs indépendants. La définition d’administrateur indépendant a été « enrichie », a tenu à souligner M. Fréchette.

Parmi les 29 recommandations du rapport acceptées mercredi, le président n’aura plus de vote prépondérant, un comité scientifique sera créé — avec un directeur scientifique — et la base des adhérents sera élargie, a énuméré M. Lamontagne.

Il a aussi affirmé que les représentants du CÉROM devront rencontrer les fonctionnaires du ministère aux trois mois, pour s’assurer du suivi des recommandations.

Rappelons que l’agronome Louis Robert a été congédié par le ministère de l’Agriculture en janvier pour avoir dénoncé publiquement les pressions de l’industrie des pesticides sur le CÉROM. Sa croisade a par la suite récolté de nombreux appuis.

Commission sur les pesticides

L’opposition officielle libérale a pour sa part accusé le ministre d’ingérence. M. Lamontagne a dit avoir suggéré une liste d’invités pour une commission parlementaire mandatée pour étudier les impacts des pesticides.

Or en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, un ministre, membre du pouvoir exécutif, ne peut dicter à une commission, issue du pouvoir législatif, la marche de ses travaux.

La députée libérale Marie Montpetit a remis en question l’indépendance et la neutralité du président de la commission, le député caquiste de Masson, Mathieu Lemay.

« Ce n’est pas l’impression que (M. Lemay) dégage actuellement, a-t-elle dit dans une entrevue avec La Presse canadienne. C’est troublant c’est préoccupant. Je pense qu’il y a plusieurs situations survenues qui se trouvent à être éclaircies par les commentaires du ministre. »

Comités de suivi

Le Parti libéral (PLQ) reproche également au ministre son ignorance dans les enjeux liés aux pesticides. Des comités de suivi avaient été mis en place par le précédent gouvernement concernant notamment l’usage de cinq pesticides controversés, des néonicotinoïdes.

Mme Montpetit a questionné le ministre qui n’était pas au courant de l’existence de ces instances et de leurs travaux. « Le ministre s’en lave les mains, il n’est pas au courant et il n’est pas intéressé », même si des gens de son ministère y siègent, a-t-elle déploré.

« Un ministre qui n’a pas fait l’exercice de se préparer pour l’exercice de la commission parlementaire, cela en dit beaucoup sur sa gestion de son ministère. »