C'est aujourd'hui, lundi, que s'ouvre à Cuba le deuxième procès du Canadien Toufik Benhamiche, impliqué dans un accident de bateau mortel lors d'un voyage en famille il y a 16 mois.

Pour réclamer l'intervention du gouvernement canadien et alerter l'opinion publique, la femme de M. Benhamiche, Kahina Bensaadi, a organisé dimanche une manifestation devant le Bureau de tourisme de Cuba, au centre-ville de Montréal. Une action similaire avait été menée il y a deux semaines, à Ottawa.

Le froid n'a pas empêché une quarantaine de personnes de manifester, pancartes à la main, pour réclamer la libération de Toufik Benhamiche. Porte-voix à la main, Mme Bensaadi a entraîné le petit groupe venu soutenir la cause de son mari. Les gens réunis scandaient des slogans comme « Il y a eu un accident, Toufik est innocent » et « Les vacances à Cuba, non, non, n'y allez pas ». Une douzaine de percussionnistes donnaient du rythme à l'ensemble.

Kahina Bensaadi ne se montre guère optimiste pour le début du procès. « Nous ne nous attendons à aucun miracle. Ce sont les mêmes juges qui vont entendre l'affaire, les mêmes juges qui ont déjà ignoré toutes les lois cubaines et toutes les preuves. Nous ne reconnaissons pas cette justice. Elle est partiale », a-t-elle déclaré à La Presse.

À la suite de l'accident mortel - le bateau que conduisait M. Benhamiche a heurté le quai où se trouvait une touriste ontarienne -, M. Benhamiche a été accusé de négligence. Il a eu un procès au terme duquel il a été condamné à quatre ans de prison. Les conclusions ont toutefois été annulées par la Cour suprême de Cuba.

Toufik Benhamiche n'est pas en prison, mais il ne peut quitter le pays. Il est représenté par un avocat cubain. Tous les soirs, il parle à sa femme et à ses deux jeunes enfants de 6 ans et 9 ans. « On s'apprête à mettre un innocent en prison qui est parti en touriste et qui est retenu là-bas, alors que tout ceci se déroule pour des raisons économiques », a-t-elle commenté, la voix brisée par l'émotion.

Sunwing interpellée

Mme Bensaadi estime que le voyagiste Sunwing, qui leur a vendu le forfait pour une excursion en bateau, nie sa responsabilité dans ce dossier. « On était loin d'imaginer que Sunwing allait mettre en péril la sécurité de ses touristes. On a pris cette excursion-là avec nos deux filles. Jamais on n'aurait pris le moindre risque », souligne-t-elle.

Cette dernière voudrait qu'Ottawa intervienne avec plus de vigueur. Des discussions de nature administrative entre les deux pays, amorcées en octobre dernier, n'ont pas fait avancer le dossier, déplore-t-elle. « Ce n'est pas normal que le Canada, qui envoie 1 million de touristes chaque année, ne soit pas capable de ramener un citoyen innocent à ses filles. »

Toufik Benhamiche est ingénieur et travaille à la Ville de Laval. La famille habite Mascouche.

Photo Kahina Bensaadi, La Presse canadienne

Toufik Benhamiche