L'entourage de Toufik Benhamiche, un Québécois retenu depuis 16 mois à Cuba à la suite d'un accident ayant causé la mort d'une touriste canadienne, désespère de le voir s'en sortir sans condamnation si le Canada n'intervient pas. Ils étaient une cinquantaine de personnes devant les portes closes de l'ambassade de Cuba à Ottawa, hier, rassemblées pour interpeller l'ambassadrice afin qu'elle s'oppose aux décisions de la justice cubaine dans l'affaire Benhamiche.

L'ingénieur de Mascouche de 48 ans, père de deux filles, est relégué dans les limbes judiciaires, dénonce sa femme, Kahina Bensaadi. Aucun document d'accusation ne lui reproche les événements de juillet 2017, au terme d'une deuxième enquête des autorités, mais le procureur chargé du dossier refuse de le blanchir formellement, explique-t-elle. 

Alors que son deuxième procès doit s'ouvrir prochainement, Mme Bensaadi affirme « qu'ils n'attendent rien de bon » du processus judiciaire. « L'avocat cubain de mon mari lui a dit clairement qu'il allait continuer de le défendre de son mieux, mais que c'était sans espoir, affirme Mme Bensaadi. Le juge veut l'incriminer. » 

L'intervention d'Ottawa est la seule solution, selon eux, alors qu'ils estiment que la justice cubaine agit de façon « arbitraire ». La famille a déposé une requête auprès de la Cour fédérale afin de réclamer l'aide du gouvernement canadien. Selon Kahina Bensaadi, les autorités nationales se sont récemment penchées sur le dossier. 

RETOUR À LA CASE DÉPART

Hier, une minute de silence a été observée à la mémoire de Jennifer Ann Marie Innis. 

Il y a maintenant près d'un an et demi, Toufik Benhamiche a pris la barre d'un petit bateau de location pour une excursion en famille à Cayo Coco lorsque l'embarcation a dévié de sa course et happé mortellement Mme Innis, une touriste ontarienne.

M. Benhamiche a toujours plaidé qu'il n'avait pas reçu de formation suffisante pour bien maîtriser le bateau.

D'abord condamné à quatre ans de prison pour négligence criminelle au terme d'un premier procès, il a obtenu de la Cour suprême l'été dernier que le verdict et la peine soient annulés. Le plus haut tribunal a alors demandé une nouvelle enquête et de nouvelles accusations.

Six mois plus tard, au début du mois de novembre, Toufik Benhamiche a appris que c'est de nouveau lui qui devrait occuper le banc des accusés, en raison de la décision du procureur. « Nous faisons un bond d'une année en arrière avec une cour provinciale butée déterminée à faire porter le chapeau à mon conjoint sans preuves », dénonce Mme Bensaadi.

Le Québécois risque une peine de cinq ans de prison s'il est jugé coupable.