Les membres de la Fédération des femmes du Québec, réunis en assemblée générale extraordinaire dimanche, ont adopté une proposition sur l'industrie du sexe et repoussé à plus tard une proposition traitant du voile islamique.

Le conseil d'administration souhaitait notamment prendre acte du choix fait par certaines femmes de travailler dans l'industrie du sexe, et de reconnaître le consentement à leurs activités. Jusqu'à maintenant, la Fédération s'était abstenue de prendre position sur la question de la prostitution.

Des « bonifications » ont été ajoutées à cette proposition pour la rendre « rassembleuse » et permettre de l'adopter par une « majorité » des 150 membres présents en personne ou par le biais d'internet, a soutenu la présidente de l'organisation, Gabrielle Bouchard, lors d'une entrevue téléphonique en milieu de soirée.

Mme Bouchard a refusé de communiquer la version finale de la proposition avant une rencontre prévue lundi soir par crainte de présence de « coquilles » ou d'un « formatage » inadéquat.

La présidente de l'organisation a également indiqué ne pas être en mesure de parler pour le moment « de façon efficace » de la proposition finale qui a été adoptée. « On vient de passer 12 heures en discussions », a-t-elle expliqué.

Les débats risquent de provoquer de nouvelles fractures au sein de l'organisation. La Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle avait menacé avant l'assemblée de se désaffilier si la proposition sur l'industrie du sexe était adoptée. La Presse canadienne n'a pas réussi à joindre le groupe dimanche soir.

« Lors de l'assemblée, durant les conversations et à la suite du vote, aucune organisation ne nous a dit qu'elles étaient pour quitter en raison du vote qu'on a pris », a martelé Gabrielle Bouchard.

Voile islamique

Une décision sur la proposition visant par ailleurs à renforcer la position de la Fédération sur le port du voile islamique a été reportée à plus tard.

« Ça a été un des débats pour lequel on n'a pas réussi à en arriver à un moment où les membres se sentaient prêts à prendre une décision », a soutenu Gabrielle Bouchard.

En 2009, l'organisation s'est opposée à l'interdiction de signes religieux pour les fonctionnaires, à l'exception de ceux et celles travaillant en position d'autorité. Dimanche, elle proposait de « soutenir les femmes musulmanes portant ou non un voile dans leur choix de carrière, quelle que soit la sphère d'activités ».

Mme Bouchard avait expliqué en entrevue au Devoir que la Fédération ne veut pas « faire partie de la structure qui va empêcher les femmes voilées d'avancer ».