Un an après le début du mouvement #moiaussi, les Québécois s'entendent sur l'importance de dénoncer et de punir, mais ils ne seraient pas prêts à croire toutes les dénonciations, ayant des réserves sur celles faites sur les réseaux sociaux ou des années plus tard, ressort-il d'un sondage réalisé pour la station de radio 98,5 FM et le magazine L'actualité.

Le mot-clic a commencé à déferler sur les médias sociaux en 2017, en soutien à celles qui dénonçaient du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles. Moi aussi, cela m'est arrivé, disaient ces femmes, pour exprimer qu'elles croient celles qui se mettaient ainsi sous les projecteurs et se battaient contre tous ceux et celles qui doutaient d'elles.

Un an plus tard, la grande majorité des Québécois sont au fait de ce mouvement, qui n'a pas été limité au Québec, selon ce que démontre le coup de sonde de la firme SOM dévoilé mercredi.

Amenés à choisir le pire cas parmi quatre, 41 % des Québécois ont jugé qu'il s'agit des personnes qui ne sont jamais dénoncées ni punies. Mais pour 28 % d'entre eux, le plus grave est le cas des fausses accusations, suivi par les personnes qui ne sont pas prises au sérieux lorsqu'elles dénoncent (26 %) et enfin, les employeurs qui punissent avant d'avoir toutes les informations en main (5 %).

Par ailleurs, 90 % des répondants disent croire les personnes qui ont dénoncé des agressions et du harcèlement alors que seulement 9 % estiment que les dénonciateurs avaient des objectifs malhonnêtes.

Mais appelés à prendre position sur l'énoncé suivant, « il est normal de douter des personnes qui utilisent les médias/réseaux sociaux pour porter plainte », 57 % des répondants se sont dits « tout à fait d'accord » ou « plutôt d'accord ». Aussi, 29 % croient qu'il est normal de douter des personnes qui attendent des années avant de dénoncer. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à trouver normal d'entretenir ces doutes, ressort-il des données.

La moitié des hommes disent avoir fait un examen de conscience en se questionnant sur leurs gestes passés, par rapport à 34 % des femmes. Les femmes (62 %) se sont plutôt demandé si elles avaient été victimes, alors que 42 % des hommes se sont posé la même question.

Les hommes québécois sont aussi plus nombreux que les femmes à trouver des effets pervers au mouvement #moiaussi, par exemple, la réputation d'innocents entachée, l'exagération sur l'ampleur du problème et la confusion créée entre séduction et harcèlement.

Point positif : une majorité de Québécois croient toutefois que les plaintes d'agression et de harcèlement seront davantage prises au sérieux.

Le consentement

Le sondage a aussi voulu évaluer les habitudes des Québécois en 2018 en ce qui trait au consentement aux actes sexuels.

Lorsque les Québécois initient un rapport sexuel, 42 % vont embrasser ou toucher un partenaire, alors que seulement 18 % vont demander son accord avec des mots au début de la relation sexuelle.

Le « consentement implicite » est fréquent dans plusieurs situations évaluées (couple marié, en couple depuis longtemps, lorsque le partenaire se déshabille devant l'autre ou l'embrasse) alors qu'un consentement verbal serait requis plus souvent lorsqu'un partenaire invite l'autre à la maison, ou si l'autre partenaire a envoyé une photo sexuelle explicite.

Le sondage a été mené du 28 août au 2 septembre auprès de 1020 Québécois francophones adultes. La marge d'erreur maximale, pour l'ensemble des répondants, est de 4,1 %, 19 fois sur 20, indique la firme SOM.