La soeur du blogueur emprisonné Raif Badawi a été arrêtée en Arabie saoudite, soutient Amnistie Internationale.

L'organisme de défense des droits de la personne affirme que Samar Badawi a été arrêtée plus tôt cette semaine en compagnie d'une autre militante, Nassima al Sada.

Son frère Raif Badawi avait été arrêté en Arabie saoudite en 2012, puis condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir critiqué des leaders religieux. Il a reçu 50 coups de fouet en janvier 2015 lors d'une flagellation publique, mais il ne semble pas avoir reçu d'autres châtiments corporels depuis. Sa femme et ses trois enfants vivent à Sherbrooke, et sont devenus citoyens canadiens le mois dernier.

Geneviève Paul, directrice générale par intérim d'Amnistie Internationale Canada francophone, a par ailleurs indiqué jeudi que l'épouse d'un défenseur des droits de la personne avait aussi été arrêtée avec les deux autres femmes.

Samar Badawi et Nassima al Sada sont détenues à la prison générale de Djeddah, a précisé Mme Paul. Elles ont toutes deux la possibilité d'échanger par téléphone avec leur famille.

Mme Paul n'avait pas plus de détails sur les circonstances des arrestations, mais elle a rappelé qu'une autre vague de répression avait déjà frappé en mai des défenseurs des droits de la personne en Arabie saoudite, notamment pour le droit des femmes à conduire une voiture.

Selon Mme Paul, il faut que la communauté internationale utilise tous les leviers politiques et économiques afin d'exiger que cesse cette répression en Arabie saoudite. «On voit un double discours, a-t-elle dit. D'un côté, on a le régime du prince (héritier Mohammed ben Salmane) qui, par le biais d'une agence de relations publiques, parle de réformes, de modernisation du pays; et de l'autre - ce qu'on documente, en fait -, une répression draconienne où, à l'heure actuelle, quasiment tous les défenseurs, hommes et femmes, des droits humains dans le pays sont emprisonnés.»

Une vague de répression

Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnistie Internationale, estime elle aussi que ces nouvelles arrestations s'inscrivent dans une vague de répression des défenseurs des droits de la personne en Arabie saoudite. «Ces femmes courageuses, derniers vestiges de la communauté des droits humains dans le pays, sont désormais en détention elles aussi, écrit Mme Maalouf dans un communiqué. La direction prise par l'Arabie saoudite sous le régime du prince héritier Mohammed ben Salmane ne laisse aucune place aux défenseurs des droits humains dans le pays.»

Selon Amnistie Internationale, Mme Badawi avait déjà été ciblée à plusieurs reprises par le gouvernement saoudien pour son action militante - elle avait déjà été arrêtée en 2016, et elle était soumise depuis 2014 à une interdiction de voyager.

«Il semble que Samar Badawi et Nassima al Sada soient de nouveau persécutées en raison d'activités qu'elles ont menées précédemment en faveur des droits humains et, si c'est le cas, elles doivent être libérées immédiatement et sans condition», écrit Amnistie Internationale.

«Les autorités saoudiennes n'épargnent pas leurs efforts pour donner l'image d'un pays qui met en place des réformes d'envergure afin de "moderniser" le royaume, mais la sinistre réalité est que les militants continuent d'être arrêtés en raison de leur travail pacifique en faveur des droits humains.»

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, se disait jeudi «très alarmée» d'apprendre l'emprisonnement de Samar Badawi. «Le Canada appuie la famille Badawi dans cette difficile épreuve, et nous continuons de fortement appeler à la libération de Raif et Samar Badawi», a-t-elle écrit sur son compte Twitter.