Les partis de l'opposition en Ontario soutiennent que Doug Ford a importé à l'Assemblée législative le climat chaotique qui prévalait lors de son passage au conseil municipal de Toronto, notamment avec son frère Rob.

Cette flambée de tensions a fait dérailler, mardi à Queen's Park, le débat parlementaire sur la proposition controversée du gouvernement visant à réduire de près de moitié la taille du conseil municipal de Toronto, à un peu plus de deux mois des élections.

Les débats à l'Assemblée législative sur le projet de loi du gouvernement progressiste-conservateur ont été interrompus par une joute verbale musclée entre le premier ministre et la chef de l'opposition néo-démocrate, Andrea Horwath. Le président de la Chambre a même dû interrompre les travaux.

M. Ford et son caucus soutiennent que le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique, Gilles Bisson, s'est moqué de l'accent du député progressiste-conservateur Kaleed Rasheed, une accusation que M. Bisson et Mme Horwath ont niée énergiquement. Le président a soutenu qu'il n'avait pas entendu les railleries alléguées, mais les conservateurs ont juré de ne répondre à aucune question de l'opposition jusqu'à ce que M. Bisson présente ses excuses.

Les néo-démocrates, quant à eux, ont déclaré que le parti ministériel tentait simplement de faire diversion face à un projet de loi controversé que la Ville de Toronto a officiellement dénoncé.

Au terme d'un débat houleux à l'hôtel de ville, lundi, les élus de Toronto ont demandé au gouvernement de mener un référendum avant d'adopter ce projet de loi qui ferait passer le nombre de conseillers municipaux de 47 à 25.

L'accrochage de mardi à l'Assemblée législative a conduit tous les partis à condamner le «climat toxique» - tout en accusant leur adversaire d'en être responsable.

Vengeance contre ses adversaires?

Le NPD et les libéraux ont laissé entendre que M. Ford, un ancien conseiller municipal de Toronto, était en grande partie responsable du changement de ton à l'Assemblée législative.

«Ce n'était pas comme ça avec les précédents premiers ministres, ce n'était pas comme ça avec le précédent chef de l'opposition (conservatrice), et les autres avant lui», a soutenu Mme Horwath. «Ce qui a surtout changé ici, c'est l'arrivée de M. Ford, et son attitude irrespectueuse.»

Le chef libéral intérimaire, John Fraser, a lui aussi estimé que M. Ford avait importé ce ton acrimonieux de l'hôtel de ville à la législature. «Ce n'est pas une révélation: nous savons tous qui il est. Le passé est le meilleur garant de l'avenir.»

Au cours de son mandat comme conseiller municipal à Toronto, Doug Ford a été le bras droit de son défunt frère Rob, maire de la métropole. Doug Ford avait pris l'habitude lui aussi, comme son frère, de chahuter les opposants lors des séances du conseil municipal, et il était en guerre ouverte avec le chef de police de la ville, Bill Blair, aujourd'hui ministre libéral fédéral de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé.

Doug Ford avait aussi été candidat à la mairie pour succéder à son frère Rob, en 2014, mais il avait terminé deuxième, derrière John Tory, l'actuel maire. Des observateurs ont suggéré que le projet de réduire la taille du conseil est simplement la tentative du premier ministre Ford de riposter contre ses adversaires politiques. M. Ford, lui, soutient que son gouvernement ne souhaite que rationaliser la prise de décision à Toronto et faire économiser 25 millions $ en salaires.

Le projet de loi a été présenté lundi à l'Assemblée législative quelques heures avant que le conseil municipal de Toronto ne vote pour exprimer son opposition et demande que la question soit soumise à un référendum. Le ministre des Affaires municipales, Steve Clark, a soutenu lors de la période des questions qu'un référendum pourrait coûter jusqu'à 8 millions $.

«Je pose la question aux contribuables: préfèrent-ils dépenser entre 7 et 8 millions $ pour un référendum qui demande s'ils veulent garder plus de politiciens, ou préfèrent-ils économiser 25 millions $?», a-t-il demandé. «Je connais la réponse à cette question.»

Le NPD a déposé mardi un amendement à la motion de deuxième lecture du projet de loi qui, selon l'opposition officielle, retarderait de deux jours le débat et l'adoption du projet de loi.

THE CANADIAN PRESS

Kaleed Rasheed