Ils étaient tout sourire, vendredi, à l'hôtel de ville de Montréal. L'ancien candidat aux élections municipales pour Projet Montréal Balarama Holness et un groupe de jeunes tenaient fièrement les nombreuses feuilles de pétition qu'ils s'apprêtaient à déposer au bureau du greffier. L'administration Plante devra examiner leur demande de tenir une consultation publique sur le racisme systémique.

L'ex-candidat à la mairie d'arrondissement de Montréal-Nord Balarama Holness s'est prévalu du droit d'initiative populaire de la Ville - qui force la tenue d'une consultation sur un sujet donné si les organisateurs obtiennent plus de 15 000 signatures. L'ancien joueur des Alouettes de Montréal a réussi à obtenir l'appui de 20 000 personnes.

M. Holness montre du doigt le manque de représentativité des minorités au sein des partis politiques. « On aimerait que les partis politiques favorisent l'inclusion d'une manière concrète, que ce soit dans leur cabinet ou dans la façon dont ils engagent », a-t-il expliqué à La Presse.

Mais l'enjeu dépasse la sphère politique, affirme l'ancien athlète, qui évoque des questions de sécurité publique, d'emploi et de logement. 

UNE CAUSE QUI RASSEMBLE

Membre du Comité d'initiative permanent des Afro-Québécois, Elvira Rwasamanzi, 25 ans, était présente au moment du dépôt des signatures.

« En tant que minorité visible montréalaise québécoise, c'est mon devoir d'agir. Je veux être une actrice de notre avenir pour bâtir une meilleure société et je veux contribuer à l'avancement de mon pays. »

M. Holness croit que la cause s'est révélée rassembleuse. « Ç'a réuni tous les Montréalais et les Montréalaises. Des membres issus des trois principaux partis politiques de l'hôtel de ville ont également donné leur appui et signé la pétition », dit-il.

LES MESURES ACTUELLES JUGÉES INEFFICACES

Alors que l'administration Plante a introduit la Table de réflexion sur la diversité et la lutte aux discriminations à la Ville, M. Holness juge que l'initiative n'a pas porté ses fruits. « La table ronde de la diversité n'a aucun budget et sa gestion est inadéquate. En ce qui nous concerne, on aimerait que l'Office de consultation publique de la Ville de Montréal s'occupe de la consultation, et non qu'elle ait lieu ici, à l'hôtel de ville », dit-il. « Si elle est gérée de la même façon que la table ronde, ça ne sera pas un succès », poursuit-il.

L'administration Plante défend son initiative. « Composée de 15 membres, cette table de travail contribue à mettre en place des actions concrètes dans les domaines de l'employabilité, du développement économique et entrepreneurial, de la représentation de la diversité dans les espaces politiques et citoyens, ainsi qu'à mettre en place des recommandations de la Commission conjointe sur le profilage racial et social », a expliqué par courriel Youssef Amane, porte-parole de l'administration Plante.

LA SUITE DES CHOSES

Le comité exécutif décidera sous peu de la date et du lieu de la consultation publique. Toutefois, cette consultation n'oblige pas la Ville à poser des gestes concrets.

« Nous souhaitons souligner la démarche citoyenne de mobilisation menée par Montréal en action. Le greffe de la Ville étudiera maintenant la recevabilité de la pétition et nous fera part des prochaines étapes en temps et lieu. »

- Youssef Amane, porte-parole de l'administration Plante

Pour sa part, Balamara Holness n'est pas inquiet quant à la suite des choses. « Nous nous attendons à une réponse positive de la Ville de Montréal d'ici 21 jours. »

TOURNER LA PAGE

Peu après la campagne électorale de l'automne dernier, M. Holness s'était plaint de racisme et avait menacé de poursuivre Projet Montréal, dont il était le candidat pour la mairie de Montréal-Nord. Battu aux urnes, il avait affirmé que le parti avait utilisé la richesse de la diversité des candidats pour se faire élire, puis les avait traités différemment après coup.

M. Holness a indiqué à La Presse que cet épisode était derrière lui. « La relation politique entre moi et Projet Montréal ne veut rien dire aujourd'hui. Vingt mille Montréalais et 50 jeunes motivés et presque 30 organismes ont appuyé le projet. C'est ça qui est important », conclut-il.