Une tentative d'attaque sur un soldat de l'armée canadienne a été évitée de justesse devant le Parlement fédéral lundi matin. Les agents du service de police d'Ottawa (SPO) ont arrêté un suspect de 24 ans et écartent la piste terroriste.

L'assaillant a été identifié vers 17h30 comme Jesse Mooney par le SPO. Il a été accusé d'agression et de manquement aux conditions d'une ordonnance de probation. Il comparaîtra en cour mardi matin à Ottawa.

« Les enquêteurs confirment qu'il s'agit d'un incident isolé », a précisé le corps policier sur son compte Twitter.

Pendant un point de presse tenu plus tôt en après-midi, le chef du SPO, Charles Bordeleau, avait indiqué que l'incident ne semblait avoir aucun lien avec le terrorisme ou avec la fusillade qui a fait deux morts et 13 blessés dimanche soir à Toronto.

« Je n'ai pas d'information du tout (indiquant) que cet incident-là a un lien avec le terrorisme ou l'incident de Toronto », a dit le chef Bordeleau dans un point de presse relayé par Radio-Canada.

Pas de couteau

Les informations qui avaient circulé depuis le début de la journée indiquaient que Jesse Mooney aurait brandi un couteau vers le soldat au moment de l'attaque. 

Le Service de protection parlementaire a tenu à rectifier cette information sur Twitter vers 17h30, précisant seulement qu'un « petit couteau de poche » avait été découvert à proximité du suspect après son arrestation.

Nombreux témoins

Ce qu'on sait à l'heure actuelle, c'est que le jeune homme armé a tenté de s'en prendre à un soldat vers 10h15 lundi matin, pendant la populaire cérémonie de changement de la garde qui se déroule sur les pelouses du Parlement. Cette cérémonie attire toujours de nombreux touristes pendant la saison chaude.

Dans une vidéo qui a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, on peut voir une demi-douzaine d'agents des forces de sécurité du Parlement et des soldats qui maitrisent l'assaillant, sous le regard de dizaines de touristes gardés derrière un cordon.

« Un incident est arrivé durant la Cérémonie de Changement de Garde aujourd'hui où un homme a été arrêté », a confirmé la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans un courriel à La Presse.

L'assaillant a été arrêté et remis au SPO, « qui sera responsable de l'enquête », a ajouté la GRC. 

La comparution de mardi matin au palais de justice d'Ottawa pourrait permettre d'en apprendre davantage sur les motivations du suspect dans cette affaire.

Menace vite «neutralisée» 

Personne n'a été blessé lors de cet incident, a confirmé à La Presse Daniel Lebouthillier, un porte-parole des forces armées canadiennes.

« Grâce à la réaction rapide de nos soldats, de la GRC et des Services de protection parlementaire, la menace potentielle a été identifiée et neutralisée », a-t-il indiqué dans un courriel.

« Étant donné que cette affaire est actuellement sous enquête par le Service de police d'Ottawa, tout autre commentaire à ce stade serait inapproprié », a poursuivi M. Lebouthillier.

Retour au calme

Plus aucune trace de l'incident n'était visible sur le parterre du Parlement en milieu d'après-midi, a constaté La Presse. Des douzaines de touristes se prenaient en photos, mais la sécurité n'apparaissait pas plus importante qu'à l'habitude.

L'affaire semble d'ailleurs avoir été traitée avec une grande discrétion par les corps policiers, puisque c'est seulement vers 14h15 que des médias, dont Vice et le Ottawa Citizen, ont commencé à ébruiter l'affaire.

La Garde de cérémonie, dont un membre a été visé par la tentative d'attaque, a été établie pour le compte des Forces armées canadiennes afin de « préparer, planifier et exécuter les services d'honneur dans la capitale nationale durant l'été », indique le site web de l'armée.

Le ministre de la Défense Harjit Sajjan s'est dit « soulagé que personne n'ait été blessé » dans un message sur Twitter. «Merci aux membres des Forces armées canadiennes, de la GRC et du Service de protection parlementaire pour leur réponse rapide », a-t-il écrit.

Attentat de 2014 

La sécurité autour du Parlement d'Ottawa a été considérablement resserrée depuis octobre 2014, lorsque le caporal Nathan Cirillo a été assassiné par Michael Zehaf-Bibeau.

La fusillade avait débuté au Monument commémoratif de guerre pour se conclure à l'intérieur même du Parlement du Canada. 

L'assaillant, un Montréalais converti à l'islamisme radical, a lui aussi perdu la vie dans cette attaque après avoir été neutralisé par le sergent d'armes Kevin Vickers à l'intérieur du Parlement.

Le centre-ville d'Ottawa avait été bouclé pendant des heures au moment du drame, qui avait par ailleurs entraîné une révision en profondeur de tous les protocoles de sécurité au Parlement.

Plus de sécurité?

Joseph Law, le chef de cabinet auprès de la directrice du Service de protection parlementaire, a refusé de dire si la sécurité sera renforcée sur la colline du Parlement à la suite de l'incident de lundi matin.

« Pour des raisons de sécurité, je ne peux faire aucun commentaire sur le niveau de sécurité sur la Colline du Parlement », a-t-il mentionné dans un courriel à La Presse.

Cet incident est survenu une douzaine d'heures après une fusillade qui a fait deux morts et 13 blessés dans une artère commerciale achalandée de Toronto.