Une fille de 10 ans et une jeune femme de 18 ans ont été tuées par balles dans le quartier animé de Greektown, à Toronto, dimanche soir, lorsqu'un homme a ouvert le feu dans l'une des rues les plus fréquentées de la ville, a indiqué lundi la police, qui tentait toujours de déterminer le mobile de cette fusillade.

Le chef de la police, Mark Saunders, a précisé lundi midi que la fusillade avait aussi fait 13 blessés - des personnes âgées de 10 à 59 ans. L'identité des deux personnes mortes n'a pas été divulguée.

«Nous ne savons pas pourquoi c'est arrivé», a admis M. Saunders en conférence de presse. «L'enquête elle-même évolue rapidement, c'est très nouveau, il faudra du temps.»

La victime âgée de 18 ans, Reese Fallon, a été identifiée par sa famille. Dans un communiqué, ses proches se sont dits dévastés et ont demandé de pouvoir vivre leur deuil en privé.

La fusillade a commencé vers 22 h dans le quartier Greektown, un secteur où l'on retrouve des restaurants, de petites entreprises et des résidences familiales.

La «police des polices» en Ontario a indiqué que le tireur présumé, un homme de 29 ans dont l'identité n'a pas été révélée, s'est déplacé le long de l'avenue Danforth tout en tirant. L'Unité des enquêtes spéciales a précisé que l'homme avait ensuite échangé des coups de feu avec des policiers, et qu'il a finalement été retrouvé sans vie dans le secteur.

L'agence indépendante, qui enquête sur les incidents impliquant la police lorsqu'une personne est tuée ou blessée, a ouvert une enquête sur la mort du tireur présumé.

Un quartier paisible

Lundi matin, plusieurs pâtés de maisons au coeur de Greektown étaient entourés de rubans jaunes de la police et presque toutes les entreprises locales étaient fermées. Beaucoup de ceux qui ont été témoins de la fusillade ont relaté le chaos pendant l'attaque.

Lenny Graf, qui avait mangé dans un restaurant du quartier, a raconté lundi qu'il regardait son fils de neuf ans et un ami jouer autour d'une fontaine à proximité lorsque les tirs ont commencé vers 22 h. «Mon premier instinct a été d'essayer de trouver Jason, et je l'ai vu accroupi derrière la fontaine et j'ai remarqué que le tireur avait fini de tirer là et qu'il s'éloignait», a-t-il dit. «J'ai attrapé Jason et je l'ai emmené dans la ruelle, nous avons couru à l'arrière du restaurant pour constater que l'ami de Jason était là en sécurité, tout comme ma femme.»

Valia Dsaliou, qui travaille dans une station de radio de langue grecque du quartier, a soutenu que la communauté très soudée était ébranlée par la tragédie. «C'est comme un petit village pour nous, ici», a-t-elle dit. «C'est quelque chose que nous ne pouvions même pas imaginer, mais c'est arrivé. Mais on ne sait pas pourquoi c'est arrivé, ou ce que tout cela est censé signifier pour nous.»

Des témoins ont publié de nombreuses photos et vidéos en ligne, y compris une vidéo qui semble montrer un homme, vêtu de noir et portant une sacoche, faisant quelques pas avant de lever les bras devant lui alors que des coups de feu retentissent. Cette vidéo a été publiée tard dimanche soir sur Instagram par l'utilisateur ↋arilanise, qui semble avoir depuis supprimé son compte.

Un résidant du quartier, Gord Cheong, a raconté que sa femme et lui étaient à la maison lorsqu'ils ont entendu une commotion. «Nous avons entendu des claquements juste avant d'aller au lit, hier soir, et ma femme s'est tournée vers moi et a dit: »Qui diable allume des feux d'artifice à cette période-ci de l'année?«»

Une autre résidante de Greektown, Jayme Milligan, âgée de 21 ans, s'apprêtait elle aussi à aller se coucher quand elle a appris la nouvelle. Elle a reçu un coup de téléphone paniqué de son frère, qui rendait visite à un ami à un pâté de maisons de la fusillade. En allant cueillir son frère, elle a vu des voitures de police alignées sur des pâtés de maisons entiers, et des résidants ébranlés qui se précipitaient chez eux pour se réfugier. «C'était comme irréel.»

Réactions politiques

Le maire de Toronto, John Tory, a qualifié la fusillade d'acte «indescriptible» et a déclaré que le moment était venu de faire face à l'augmentation des violences par armes à feu dans la métropole, qui a connu une vague de fusillades ces dernières semaines.

«Pourquoi quelqu'un dans cette ville a-t-il besoin d'un pistolet?», s'est-il interrogé dans un discours lundi matin au conseil municipal. «Je sais que répondre à des questions comme celle-ci n'éliminera pas complètement ces tragédies, mais même si nous pouvons prévenir un seul de ces incidents, alors, à mon avis, c'est une discussion qui vaut la peine d'être tenue très bientôt.»

Le premier ministre Justin Trudeau a envoyé une déclaration de soutien sur Twitter, tôt lundi matin. «Mes pensées accompagnent les personnes touchées par la tragédie qui a eu lieu la nuit dernière sur l'avenue Danforth, a-t-il écrit. Je souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées. Les Torontois sont forts, résilients et courageux, et nous les appuierons en cette période difficile.»

Le chef du Nouveau Parti démocratique fédéral, Jagmeet Singh, a indiqué que son coeur se tournait vers tous ceux qui ont été touchés par la fusillade, y compris les premiers répondants. Avant d'être élu chef du NPD fédéral, M. Singh était député provincial dans la grande région de Toronto depuis 2011.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a voulu «condamner et dénoncer» ce «geste de violence - une «terrible attaque» contre la métropole. «Mes pensées vont aux victimes, aux blessés et à leurs proches. Nous sommes de tout coeur avec les Torontoises et les Torontois, nos amis et nos voisins.»