Seulement deux des cinq recommandations formulées par le Bureau de la sécurité des transports (BST) ont été entièrement appliquées par l'industrie ferroviaire et le ministère fédéral des Transports, cinq ans après la tragédie de Lac-Mégantic. C'est le constat qu'a fait mercredi la présidente du BST, Kathleen Fox.

« On veut quand même souligner le bon travail qui a été fait, mais on ne veut pas que le monde oublie qu'il y a encore trois recommandations qui demandent du travail pour vraiment réduire le risque le plus possible », a-t-elle indiqué en entrevue.

Celle-ci estime notamment qu'une attention suffisante n'a pas été apportée aux moyens de défense physiques pour empêcher un mouvement involontaire des trains stationnés. Le BST a remarqué une augmentation de ce type de mouvements au cours des dernières années qui n'ont toutefois pas eu de conséquences tragiques comme celui de Lac-Mégantic.

Quarante-sept personnes ont perdu la vie dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013 lorsqu'un train transportant 7,7 millions de litres de pétrole brut s'est mis en mouvement et a déraillé à Lac-Mégantic. Les wagons s'étaient enflammés et avaient détruit le coeur du centre-ville de cette municipalité de moins de 6000 habitants.

« Le risque est diminué par rapport à ce que c'était en 2013, mais par contre on sait que le nombre de mouvements non contrôlés a augmenté de 10 pour cent dans les dernières années, a souligné Mme Fox. Souvent ce sont des trains qui sont dans des cours de triage, donc les risques sont très minimes. »

C'est ce qui est arrivé en banlieue de Toronto il y a environ un an et demi. Un train de 74 wagons, dont un seul contenait des matières dangereuses, a roulé sans contrôle sur près de cinq kilomètres à une vitesse qui frôlait les 50 km/h. Il n'y a heureusement eu ni collision ni déraillement.

« Ça nous suggère que juste changer les règlements, ce n'est pas suffisant, a constaté Mme Fox. Il faut que d'autres mesures soient prises. »

Comme doter les trains de freins d'urgence qui s'actionnent automatiquement lors d'un mouvement inattendu.

La présidente du BST note également que les nouveaux wagons-citernes plus robustes pour le transport de liquides inflammables ne seront obligatoires qu'en 2025. Ils doivent remplacer les wagons-citernes de classe 111 à l'origine de la tragédie de Lac-Mégantic. Ceux-ci ont déjà été mis hors service par le ministère des Transports, mais d'autres wagons qui présentent certaines vulnérabilités - les CPC-1232 - seront encore en service d'ici là.

« Les wagons-citernes qui étaient les plus vulnérables - les 111 - ne peuvent plus transporter de pétrole, mais ils peuvent transporter d'autres liquides inflammables et les autres wagons comme les CPC-1232, qui sont mieux que les 111, pourront être en service jusqu'en 2025 », a-t-elle souligné en invitant le ministère des Transports à accélérer la cadence.

La troisième recommandation qu'il reste à appliquer concerne la vérification des systèmes de gestion de la sécurité des compagnies ferroviaires par le ministère. Un exercice déjà en cours, mais qui prendra encore quelques années.

« Malheureusement, des fois, ça prend encore plus de temps, a reconnu Mme Fox. Pour les recommandations de Lac-Mégantic, le gouvernement a quand même agi assez rapidement. Le système a beaucoup changé par rapport à ce que c'était en 2013, mais notre rôle est de dire qu'il y a encore un bout (de chemin) à faire. »

Deux des cinq recommandations du BST ont été appliquées assez rapidement par le ministère des Transports après la tragédie, soit le fait d'exiger des plans d'intervention d'urgence des compagnies ferroviaires qui transportent des hydrocarbures liquides et la surveillance accrue des compagnies ferroviaires pour le transport de matières dangereuses.