Michael Jackson, les Beatles, Bob Dylan : la police de Québec enquête sur le vol d'artéfacts de grande valeur liés à l'histoire de la musique, dérobés à l'une des plus importantes collections du genre au pays, a appris La Presse.

Le plaignant dans cette affaire est Richard Lapointe, un résidant de Cap-Rouge, près de Québec, qui a souvent fait parler de lui pour sa collection qui comprendrait entre 4000 et 5000 pièces.

Ni la police ni le collectionneur n'ont voulu discuter avec La Presse de la façon dont les voleurs s'y seraient pris ces dernières semaines pour mettre la main sur certains des trésors de la collection, dont des portraits des Beatles peints par le portraitiste des vedettes Nicholas Volpe et autographiés par les membres du groupe, ou encore le manteau porté par Michael Jackson dans la publicité Pepsi New Generation en 1983, autographié par le roi de la pop.

«J'ai tout donné à la police», a simplement déclaré M. Lapointe lorsque La Presse l'a joint au téléphone.

Une annonce sur Kijiji

Peu avant le vol, le collectionneur avait mis le manteau de Michael Jackson en vente sur le site de petites annonces Kijiji. «À qui cette chance unique??», demandait-il. M. Lapointe demandait 150 000 $, mais soulignait dans son annonce qu'un manteau identique non autographié s'était déjà vendu à 195 000 $ US (plus d'un exemplaire du manteau avaient été produits à l'époque pour la pub).

Sans vouloir dire si l'annonce sur Kijiji a un lien avec le crime, la police de Québec rappelle certains conseils de sécurité pour les gens qui y vendent leurs biens.

«Il faut toujours essayer de valider l'identité de l'acheteur. Si on doit faire un échange, on peut essayer si possible de le faire dans un lieu public. Et il faut éviter au maximum de laisser ses coordonnées personnelles sur des sites de vente comme ça», dit Cyndi Paré, porte-parole du Service de police de la Ville de Québec.

Les enquêteurs de la police de Québec ont déjà commencé à aviser des acteurs clés du milieu de l'art et des encans afin qu'ils soient à l'affût s'ils voient passer les pièces de Richard Lapointe, selon nos informations.

Collection reconnue

Représentant pharmaceutique de profession, M. Lapointe a profité de ses voyages à l'étranger pour nouer des contacts et acquérir certains articles de collection au fil des ans.

En 2013, il avait prêté certains morceaux choisis au musée Pointe-à-Callière pour l'exposition Les Beatles à Montréal, qui avait accueilli plus de 240 000 visiteurs. Il avait aussi présenté une exposition très courue au Festival western de Saint-Tite, en 2009.

La même année, il avait lancé une poursuite judiciaire contre la succession de Michael Jackson aux États-Unis. Il disait avoir été floué lorsque l'annulation d'une enchère l'avait empêché d'acquérir certains objets de l'artiste. Le juge ne lui avait pas accordé le dédommagement souhaité, mais une entente lui avait finalement permis d'acquérir certaines sculptures et des chandeliers, selon ce qu'avait rapporté Le Journal de Montréal.

Difficile à évaluer

La valeur de sa collection est difficile à déterminer précisément. Par le passé, M. Lapointe a déclaré que ses quatre portraits des Beatles peints par Nicholas Volpe valaient ensemble 1 million.

Entre 8 et 15 millions Valeur estimée des trésors de Richard Lapointe, selon un article paru dans le National Post pour lequel il avait accordé une entrevue en 2010.

Mais à la même époque, deux experts internationaux avaient relativisé l'importance de la collection en entrevue à The Gazette. Darren Julien, fondateur d'une maison d'encans qui avait été poursuivie par M. Lapointe, avait déclaré que ce dernier ne se comparait pas aux plus grands collecteurs d'artéfacts des Beatles, des individus aux États-Unis, en Russie et en Asie qui préfèrent généralement rester anonymes.

Alain Lacoursière, policier retraité qui avait fondé l'équipe d'enquête sur les oeuvres d'art à la Sûreté du Québec et qui agit aujourd'hui à titre consultant privé, croit qu'un criminel pourrait avoir du mal à faire déterminer la valeur réelle des oeuvres dérobées à M. Lapointe.

«Des articles autographiés, ce n'est pas si difficile à évaluer, ça se fait, mais il faut trouver des comparables, et parfois, c'est difficile d'avoir les entrées», souligne-t-il.

«Un voleur qui veut échanger ça pour sa dette de dope, il ne peut pas mettre ça demain sur eBay, il va se faire ramasser. Il va falloir qu'il trouve quelqu'un prêt à le prendre. Peut-être qu'il va essayer de passer par les États-Unis ou le donner à quelqu'un qui le mettra à l'encan, en espérant qu'on ne fasse pas le lien avec le vol à Québec», dit-il. L'ex-policier rappelle que la Sûreté du Québec possède des contacts assez étroits dans le milieu pour repérer ce genre de manoeuvre.

IMAGE FOURNIE PAR LA SQ

Le manteau de porté par Michael Jackson dans la publicité télévisée de Pepsi New Generation qui avait eu un retentissement énorme au début des années 80.