Les cochons ne sont pas les bienvenus dans Hochelaga-Maisonneuve. Une résidante de l'arrondissement l'a appris à ses dépens cette semaine lorsque la patrouille canine du quartier lui a remis un avis lui donnant 15 jours pour se débarrasser de Babe, son cochon miniature de 3 ans.

Dans une vidéo publiée mardi sur Facebook et vue plus de 40 000 fois depuis, Sarah-Maude Ravenelle se dit « très secouée » par cet ultimatum, décrivant son animal comme un membre à part entière de sa famille, au même titre que son bébé.

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« On ne sait pas trop quoi faire, a-t-elle dit en entrevue avec La Presse, hier. Si on ne s'en débarrasse pas, on s'expose à une amende de 300 $. Et après, ce n'est pas clair. » 

« C'est d'autant plus incompréhensible qu'on est quelques-uns dans le quartier à promener nos cochons, et je suis la seule à avoir reçu un avis. »

- Sarah-Maude Ravenelle

La Montréalaise était d'autant plus surprise qu'elle a résidé de 2015 à 2017 dans Rosemont-La Petite-Patrie sans aucune plainte du voisinage. Elle affirme n'avoir pas eu davantage de problèmes depuis son arrivée dans Hochelaga l'été dernier, ayant même reçu l'assentiment de ses copropriétaires avant d'emménager avec son mari dans leur condo - le couple avait choisi cet appartement notamment pour que Babe puisse profiter de la cour arrière.

Selon elle, l'arrondissement a simplement invoqué le règlement municipal sur le contrôle des animaux. Celui-ci n'inclut pas le cochon miniature dans sa liste des animaux permis par la Ville de Montréal.

Un non-sens aux yeux de Sarah-Maude Ravenelle, qui demande à la mairesse Valérie Plante de modifier le règlement en faveur des cochons domestiques. À l'âge adulte, cette espèce peut peser jusqu'à 70 livres et présenter le gabarit d'un chien de taille moyenne.

Mme Ravenelle a publié sur Facebook une lettre de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie attestant qu'elle pouvait garder son cochon. Elle n'avait toutefois pas obtenu cette autorisation directement, mais par l'entremise de l'éleveuse Valérie Larose, qui lui avait vendu Babe. Il n'a pas été possible de joindre Mme Larose hier.

En fin de journée, la Ville de Montréal nous a écrit que l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve était en communication avec Mme Ravenelle et que le règlement municipal était « en processus de révision ». « La situation est donc à l'étude », conclut le bref message.

BESOINS PARTICULIERS

Sans défendre la réglementation en vigueur, la présidente de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec, la Dre Caroline Kilsdonk, souligne que la plupart des propriétaires de cochons miniatures ne sont pas conscients des besoins spécifiques de cet animal avant d'en faire l'acquisition.

Selon elle, il est impératif de les faire stériliser, surtout les mâles, qui, autrement, dégageront une forte odeur et adopteront des comportements agressifs en vieillissant. De plus, il est important d'obtenir la garantie qu'il s'agit bien d'un cochon miniature - en l'achetant d'un éleveur, entre autres.

« Des gens mal informés peuvent avoir la mauvaise surprise d'avoir un animal qui atteint 120 ou 130 livres. »

- La Dre Caroline Kilsdonk

Selon elle, les cochons sont surreprésentés dans les refuges animaliers.

Autrement, elle les décrit comme des animaux « très intelligents, ayant des besoins sociaux ». Ils nécessitent néanmoins des soins particuliers, comme l'entretien des dents et des ongles, et peuvent vivre une quinzaine d'années.

« Les gens ne le réalisent pas, mais ils ont l'intelligence d'un enfant de 4 ans », renchérit Sarah-Maude Ravenelle. Selon elle, Babe possède son propre lit à une place, n'est pas bruyant et fait ses besoins dehors matin et soir. Une nourriture exclusive aux microcochons ainsi que des fruits et des légumes constituent son alimentation. Et ses maîtres le promènent en laisse, en plus de le laisser cohabiter avec leur jeune enfant.

Dans une cause similaire il y a un an, la cour municipale de Trois-Rivières a donné raison à Catherine Richard-Daigneault, qui a pu garder son cochon miniature Bacon. Elle avait fait valoir que son compagnon n'avait pas les caractéristiques d'un animal de ferme, que le règlement municipal interdit de garder en dehors d'un territoire agricole.

Toutefois, le Règlement sur la garde d'animaux de Trois-Rivières ne liste toujours pas les cochons miniatures parmi les bêtes considérées comme un animal de compagnie.