Une alpiniste montréalaise tentera le mois prochain de devenir la première femme à escalader en solo la plus haute montagne du Canada.

Selon les données compilées par Parcs Canada depuis la fin du XIXe siècle, aucune femme n'a réussi l'exploit de gravir seule les quelque 6000 mètres du mont Logan, au Yukon, Âgée de 43 ans, Monique Richard est une alpiniste expérimentée qui a participé à une trentaine d'ascensions depuis 2010.

Elle croit en ses chances d'y parvenir, même si elle avait dû rebrousser chemin l'an dernier à cause d'un partenaire d'escalade qui n'était pas assez en forme.

«J'ai sacrifié le sommet pour redescendre avec lui par mesure de sécurité», raconte-t-elle. À ce moment, il leur restait environ 12 heures pour atteindre le sommet, calcule-t-elle.

Mme Richard dit qu'elle compte tirer profit de cette expérience. Elle sera aussi mieux équipée puisqu'elle apporte une paire de skis hors-piste plutôt que des raquettes, comme l'an dernier.

«La difficulté va être le froid, la solitude. Être seule signifie que je dois tout apporter par moi-même. Je dois y aller seule pour voir mes capacités et des fois, il vaut mieux être seule qu'être mal accompagnée», souligne-t-elle.

Selon le coordonnateur de la sécurité des visiteurs au parc national Kluane, où est situé le mont Logan, Scott Stewart, il y a eu en moyenne 35 personnes qui ont tenté d'escalader la montagne de la mi-mai à la mi-juin, au cours des cinq dernières années.

Il évalue à 50-50 les chances d'atteindre le sommet.

«Si l'objectif du grimpeur est le sommet, alors je dirai que plus de la moitié des tentatives se soldent par un échec», a-t-il ajouté.

L'an dernier, une Argentine a tenté d'accomplir l'exploit, mais elle a dû y renoncer lorsque des tremblements de terre eurent causé d'importantes avalanches.

Une adolescente de 15 ans de la Colombie-Britannique, membre d'une expédition menée par son père, est devenue la plus jeune alpiniste à atteindre le sommet du mont Logan, l'an dernier.

M. Steward énumère les trois principaux obstacles qui attendent les grimpeurs: l'isolement, le temps et l'altitude. «Le mont Logan est la plus haute montagne du Canada et atteint environ 5959 mètres. En conséquence, l'altitude est un des facteurs qui limite le taux de réussite.»

Le temps est aussi un facteur important - les conditions hivernales sont encore de rigueur et la température dégringole souvent à -40 C, même au printemps. Une tempête peut s'éterniser pendant plusieurs jours ou même plusieurs semaines. Des rafales dépassant les 160 km/heure ne sont pas rares.

Il faut aussi se méfier des crevasses, des avalanches et des chutes de sérac.

Mme Richard dit bien connaître les dangers. Un de ses amis, le Norvégien Arvid Lahti, est mort lorsque tous deux grimpaient sur le mont Rainier, dans l'État de Washington.

Cet événement l'a amené à réfléchir et à ralentir son rythme au cours des deux années qui ont suivi.

«C'est un des grands événements de ma vie», lance-t-elle.

L'alpiniste s'élancera le 11 mai de Whitehorse. Elle rassemble ses derniers approvisionnements avant de se lancer dans l'escalade qui devrait prendre 22 jours, selon elle.

Elle sera équipée d'un téléphone satellite et d'un appareil qui permettra à ses amis de la suivre sur les réseaux sociaux.

«Je sais que les gens seront inquiets, reconnaît-elle. Je ne serai pas téméraire. Si je ne le sens pas, je ne risquerai pas ma vie pour un sommet.»