Lorrie Bunko, citoyenne de Humboldt qui a hébergé des membres des Broncos chez elle pendant neuf ans, a livré un témoignage bouleversant à La Presse.
« Ils sont une partie de nous. » À Humboldt, en Saskatchewan, les Broncos sont les enfants de toute une collectivité. Au lendemain de la tragédie routière qui a décimé l'équipe de hockey junior locale, le choc est immense dans la petite ville de quelque 6000 âmes.
« Notre collectivité est construite autour de ces joueurs. Les Broncos sont beaucoup plus qu'une équipe de hockey. C'est comme si nous perdions nos propres enfants. » Au bout du fil, Lorrie Bunko, qui a hébergé chez elle des membres des Broncos pendant neuf ans, cherchait encore les mots pour décrire la perte inestimable de ces 15 vies fauchées.
« Tout le monde est sous le choc », a-t-elle affirmé en entrevue avec La Presse.
« C'est un nouveau coup chaque fois que nous apprenons le nom d'une victime. C'est vraiment difficile. »
La grande majorité des membres de l'équipe logent d'ailleurs chez des familles de la ville durant la saison. « Nous prenons ces jeunes sous nos ailes », ajoute-t-elle.
Mme Bunko n'a pas hébergé les jeunes victimes de cette tragédie routière, mais dans cette collectivité tissée serré, le drame ébranle tous les citoyens, dit-elle. Son fils est un ami du garçon de l'entraîneur-chef, Darcy Haugan, qui n'a pas survécu à l'accident. « Ce n'est pas croyable. Tu veux seulement savoir qui, comment et pourquoi, mais il n'y a pas de réponses », lance-t-elle, la gorge nouée.
DES JOUEURS IMPLIQUÉS
Les joueurs des Broncos s'impliquent énormément au sein de la collectivité, selon les différents témoignages recueillis. « Ils donnent des cours à l'école, ils se trouvent du travail. Ils se mêlent vraiment aux gens », assure Rémi Robichaud, qui a joué pour les Hawks de Nipawin de 1997 à 2000. Là aussi, le hockey occupe une grande place.
« En Saskatchewan, le hockey, c'est vraiment particulier. C'est comme une religion. Tout le monde connaît quelqu'un qui a joué "junior". Tous les jeunes sont super bons, ils se rendent loin. Ça touche vraiment tout le monde, la province au complet. »
« Les gens là-bas, ils s'attachent vraiment aux joueurs, ils font attention à eux », affirme l'ex-hockeyeur.
Les Broncos se rendaient affronter les Hawks à Nipawin vendredi lorsque le destin a frappé. Rémi Robichaud explique que les deux collectivités entretiennent des liens étroits et particuliers, notamment depuis qu'un joueur des Hawks, Graham Christie, est mort après avoir reçu une rondelle sur la poitrine lors d'un match à Humboldt en 1997. Il avait 20 ans.
Vendredi, les joueurs des Hawks ont patienté de longues heures à l'église apostolique de Nipawin, qui avait ouvert ses portes aux proches des victimes, dans l'espoir de venir en aide aux familles de leurs camarades. « Ce sont vraiment des communautés exceptionnelles. Mon coeur s'est arrêté quand j'ai entendu les nouvelles », poursuit M. Robichaud.
Emrick Guillemette a terminé sa carrière de hockeyeur à Humboldt en 2012. « C'est une petite ville, et pourtant, l'aréna est presque toujours plein à chaque match », a-t-il raconté à La Presse. « Plusieurs de mes ex-coéquipiers partagent des photos de nos années là-bas depuis hier, ça nous ramène dans nos souvenirs. C'est vraiment triste », a-t-il dit.
UN LONG DEUIL
Le deuil s'annonce long et pénible dans la collectivité de Humboldt. Lorrie Bunko a passé des heures auprès des siens hier. « Nous passons beaucoup de temps ensemble. Nous pleurons ensemble et nous répondons du mieux que nous pouvons aux questions des plus jeunes », a indiqué la mère de deux enfants.
Lorsqu'on lui demande comment elle croit que sa ville arrivera à faire son deuil, la femme répond que Humboldt traversera la tempête en se serrant les coudes, comme sa collectivité sait le faire. « Ça va prendre du temps, mais on va le faire tous ensemble ».