L'arrivée d'Uber au Québec n'a pas réduit les recettes de l'industrie du taxi traditionnel. Les revenus des titulaires de permis ont augmenté à partir du moment où les chauffeurs ont été obligés de permettre le paiement par carte de crédit dans leur véhicule.

Parce qu'il y a moins d'argent liquide dans les transactions, les revenus déclarés des taxis sont plus élevés qu'avant l'arrivée du paiement par carte, imposé par règlement à partir de 2017. C'est le ministre Laurent Lessard qui avait imposé la mesure après avoir pris, aux Transports, le relais du regretté Jacques Daoust.

Les ventes ont augmenté de façon significative, d'environ 20 % entre 2013 et 2016, parce que des revenus qui n'étaient pas déclarés le sont désormais. Et des estimations qui circulent au ministère des Finances indiquent qu'on peut penser qu'encore maintenant, seulement 50 % des revenus réels d'un taxi sont déclarés au fisc. L'arrivée d'Uber « n'a pas réduit les revenus des taxis », résume-t-on au ministère des Transports.

Pour Québec, pas question toutefois d'indemniser également les 8000 propriétaires - en leur versant 30 000 $ chacun. Un montant de base sera établi, mais on convient que dans certains secteurs, à Laval par exemple, la valeur des permis n'a pas fléchi avec l'arrivée d'Uber. Il faudra tenir compte aussi de la durée de possession du permis. La formule reste à définir, et il y a loin de la coupe aux lèvres puisque au sein même de l'industrie, on ne s'entend pas sur le comité réuni sous l'égide du ministère des Transports. L'industrie du taxi réclamait au début que Québec rachète l'ensemble des permis, une facture potentielle de 1 milliard !

UBER PROLONGÉ

En contrepartie, le gouvernement, dans le budget, a annoncé une autre mesure qui, annoncée seule, aurait profondément irrité les propriétaires. Le projet-pilote qui permet à Uber d'offrir ses services dans la province devait prendre fin à l'automne 2018 - apparu à l'automne 2016, il avait déjà été prolongé d'un an. Cette fois, Québec prolonge à nouveau d'un an l'exercice, jusqu'à l'automne 2019.

Le versement de la première tranche de 250 millions viendra du Fonds des réseaux de transport terrestre, alimenté surtout par la taxe d'accise sur l'essence ainsi que par les droits d'immatriculation payés par les automobilistes. Le projet-pilote d'Uber contribue aussi à hauteur 10 millions par année.

Alors que l'industrie du taxi a souvent réclamé que Québec rachète les quelque 8000 permis en circulation, la mesure vise plutôt une compensation financière pour les propriétaires. 

Les modalités n'ont toutefois pas encore été déterminées.

Selon les chiffres de l'industrie, il y a quatre ans, la valeur moyenne d'un permis de taxi au Québec était d'environ 200 000 $. Avec l'arrivée d'Uber, la valeur moyenne est passée à 118 375 $ dans l'île de Montréal et à 144 333 $ dans la ville de Québec. En revanche, dans certains secteurs, à Laval, par exemple, la valeur des permis n'a pas autant diminué.

Le budget annonce aussi pour les titulaires de permis une déduction d'impôt supplémentaire d'un maximum de 500 $ par année pour 2017 et 2018. La mesure coûtera 20 millions au gouvernement, un cadeau qui s'ajoute à 44 millions déjà annoncés pour « favoriser la modernisation de l'industrie », indiquent les documents du budget.