Imaginez pouvoir franchir les douanes canadiennes à l'aéroport de Miami, comme on passe déjà les douanes américaines à Montréal. Ou voir un douanier américain installé à demeure dans l'usine d'un constructeur automobile canadien.

Voilà en tout cas ce dont discutent les gouvernements américain et canadien, en espérant accélérer petit à petit la circulation des personnes et des biens entre les deux voisins. Les deux capitales ont amorcé les discussions pour élaborer de nouvelles mesures de prédédouanement, qui pourraient déboucher bientôt sur l'ouverture des tout premiers postes douaniers canadiens aux États-Unis. On espère un jour appliquer aussi ces mesures aux marchandises.

« Aussi bien l'administration américaine que la canadienne ont vraiment la volonté de faire avancer ce dossier », a estimé lundi le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, à l'issue d'un entretien à Washington avec son homologue américaine, la toute nouvelle secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen, nommée à ce poste en décembre.

Le prédédouanement, ou dédouanement préalable, ne date pas d'hier. Depuis quelques dizaines d'années, les voyageurs canadiens en partance pour les États-Unis peuvent passer la douane américaine dans certains aéroports canadiens, avant de monter dans l'avion, évitant ainsi les longues files dans les plaques tournantes américaines souvent bondées. Les voyageurs canadiens peuvent aussi arriver dans de petits aéroports américains qui ne disposent même pas de douaniers.

Il y a quelques années, les gouvernements Harper et Obama convenaient d'étendre éventuellement ces mesures de prédédouanement aux autres modes de transport - chemins de fer, voitures, autocars et navires. Les libéraux de Justin Trudeau ont approuvé ensuite la réalisation de projets-pilotes dans les gares ferroviaires de Montréal et de la Colombie-Britannique.

Prochaine étape, selon le ministre Goodale: l'installation de douaniers canadiens aux États-Unis. Le prédécesseur de Mme Nielsen, John Kelly, avait suggéré de commencer par sa ville, Boston. Des Canadiens ont parlé de Fort Lauderdale, en Floride, ou de Scottsdale, en Arizona - des destinations prisées par les « snowbirds », rappelle M. Goodale.

Mais l'objectif à long terme, beaucoup plus ambitieux, vise à appliquer le prédédouanement au transport des marchandises. Les deux gouvernements ont convenu de se rencontrer ce printemps afin d'examiner les modifications réglementaires qui seraient nécessaires pour mettre en place le dédouanement préalable des marchandises.

M. Goodale rêve du jour, par exemple, où les composantes automobiles seraient au préalable dédouanées à l'usine, ce qui accélérerait tout le processus de fabrication, considérant qu'une voiture peut franchir la frontière cinq ou six fois avant d'être complétée.

« C'est dans le transport de marchandises que réside surtout l'avantage du prédédouanement », estime le ministre Goodale.