Les jours de Tamara Thermitus à la tête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) sont comptés. Québec la pousse vers la sortie, a appris La Presse.

Une rencontre a eu lieu mercredi dernier entre Tamara Thermitus et des représentants du Secrétariat aux emplois supérieurs, qui relève directement du premier ministre Philippe Couillard. Ils lui ont demandé de « réfléchir à ses options », selon une source sûre.

En d'autres mots, toujours selon cette source, on lui a fait savoir qu'il est parfois préférable de prendre la porte soi-même plutôt que de se la faire montrer. Tamara Thermitus n'aurait pas donné de réponse jusqu'ici.

Dévastateurs. C'est le mot qu'utilise une source gouvernementale pour qualifier les deux rapports dont fait l'objet Mme Thermitus, qui est actuellement en arrêt de travail pour une durée indéterminée.

Le premier est le projet de rapport d'enquête du Protecteur du citoyen remis à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, à la fin du mois de novembre. L'enquête fait suite à des plaintes pour abus d'autorité, mauvaise gestion et manque de respect envers le personnel.

Le second est le « diagnostic organisationnel » produit par une ancienne sous-ministre, Lise Verreault, à la demande de Mme Vallée pour faire la lumière sur la crise interne qui secoue la Commission depuis l'arrivée de la nouvelle patronne, il y a près d'un an. Ce rapport a été transmis à la ministre le 15 décembre, mais celle-ci ne l'a toujours pas rendu public, contrairement à sa promesse.

CRISE INTERNE

Il existe bien peu de précédents à pareille controverse chez les membres du club sélect des dirigeants d'organisme nommés aux deux tiers de l'Assemblée nationale.

Comme pour le Vérificateur général, le Protecteur du citoyen ou encore le Directeur général des élections, la candidature à la présidence de la CDPDJ est proposée par le premier ministre et doit être approuvée par 66 % des députés. C'est ce qui a été fait en février 2017 pour Mme Thermitus, après que le Parti québécois eut mis de côté ses réticences. Elle a été nommée à l'unanimité par la Chambre.

Les choses se sont gâtées rapidement après son entrée en fonction. La Presse a fait état en août de la crise interne que la présidente a provoquée avec ses méthodes de gestion et son style de direction. 

Des plaintes ont été déposées contre elle au Protecteur du citoyen, en vertu de la Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics. Une vingtaine de témoins ont corroboré ces plaintes devant l'ombudsman, avait rapporté La Presse.

Tamara Thermitus rétorque qu'elle « remet en question le statu quo en place » à la CDPDJ et que cela « semble déranger », selon ce qu'on peut lire dans sa poursuite lourdement caviardée contre le Protecteur du citoyen déposée en décembre. Elle demande à la cour de « casser » l'enquête à son sujet et de déclarer l'« incompétence » de l'ombudsman indépendant pour la mener. Le Protecteur du citoyen a répliqué plus tôt ce mois-ci en présentant une requête en irrecevabilité. Mme Thermitus abuse de procédures judiciaires, selon lui.

Les parties ont rendez-vous devant le juge le 9 avril. Mais pour Québec, la cause paraît entendue quant à l'avenir de Mme Thermitus.

- Avec la collaboration d'Agnès Gruda, La Presse