De nombreux «enfants de Pops», acteurs du milieu communautaire, citoyens et politiciens se sont rassemblés, mercredi soir, au parc Émilie-Gamelin à Montréal pour une veillée en hommage au père Emmett Johns.

Le premier ministre Philippe Couillard était présent pour commémorer l'oeuvre de celui qui a consacré sa vie aux jeunes en difficulté.

Il en a d'ailleurs profité pour annoncer qu'un prix portera le nom d'Emmett Johns, un prix remis par le gouvernement du Québec à une personne qui s'est illustrée tout au long de sa vie pour aider les jeunes.

«Cet homme a sauvé des vies pendant toute son existence», a souligné le premier ministre en émettant le souhait qu'on honore sa mémoire encore longtemps.

Le père Pops s'est éteint dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 89 ans. Il est décédé de cause naturelle à la résidence pour personnes âgées où il vivait depuis quelques années.

Trois jeunes qui ont croisé le père Emmett Johns sur leur route alors qu'ils vivaient des moments difficiles ont prononcé quelques mots pour remercier «leur Pops».

Paméla a lancé à la foule que «le paradis est chanceux de l'avoir». Yannick, qui croyait sa vie finie il y a 20 ans, complète aujourd'hui des études universitaires grâce au soutien du père Johns. Karine a rappelé à tous que le célèbre Pops était «probablement plus punk que tous nous autres», lui qui avait l'esprit rebelle.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dit avoir toujours été frappée par son sourire et ses yeux. «Des yeux accueillants qui invitaient à la confession», a-t-elle décrit.

Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire, tenait à être présente pour souligner le travail de M. Johns. Elle souhaite d'ailleurs qu'on prenne exemple sur l'organisme Dans la rue pour combattre la pauvreté.

«Les solutions sont connues. Pops a commencé par un hot-dog: c'est la faim. Il faut aussi un toit sur la tête et des relations, des liens, avec des gens. Il faut miser là-dessus», a-t-elle expliqué.

D'affamé à cuisinier

Éric Fournier est âgé de 26 ans et étudie à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec. Il souhaite travailler dans le domaine de la restauration et éventuellement nourrir de nombreux clients.

Son histoire a toutefois commencé parce qu'il était affamé et qu'il est monté dans la roulotte fondée par le père Emmett Johns.

En 2011, le jeune homme vient d'emménager avec sa copine de l'époque dans un appartement d'Hochelaga-Maisonneuve et ils n'ont rien à manger.

«Je voyais la roulotte arriver, mais je n'étais pas trop sûr. J'avais peur que les gens me regardent croches...», raconte-t-il.

Dès qu'il a mis le pied dans la roulotte, il s'est immédiatement senti accueilli. L'organisme lui est ensuite venu en aide pour remettre de l'ordre dans sa vie.

Éric Fournier a pu bénéficier d'un logement, d'un emploi dans les cuisines, d'un soutien pour retourner aux études et il donne aujourd'hui de son temps pour participer à des projets mis sur pied par Dans la rue.

«Depuis ce temps-là, ma vie va de mieux en mieux», a confié le jeune homme qui tenait à rendre hommage au défunt père Emmett Johns.

Funérailles le 27 janvier

Plus tôt mercredi, l'Archidiocèse de l'Église catholique à Montréal a annoncé par communiqué que les funérailles du père Emmett «Pops» Johns seront célébrées à la basilique Saint-Patrick de Montréal le 27 janvier à 10h30.

Le public est invité à rendre un dernier hommage au fondateur de l'organisme «Dans la rue» qui sillonnait les rues de Montréal à bord de sa roulotte pour apporter de l'aide et du réconfort aux jeunes sans-abri.

Une messe de funérailles sera présidée par Monseigneur Christian Lépine, alors que l'ami et médecin du père Emmett Johns, le diacre François Lehmann, prononcera l'homélie.

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé que le drapeau du Québec sera mis en berne à l'Assemblée nationale le jour des funérailles.

Emmett Johns incarnait le père des jeunes de la rue, celui qui leur tendait la main sans poser de question.

Il a lancé en 1988 sa roulotte Le Bon Dieu dans la rue, connue aujourd'hui comme «Dans la rue», qui offre refuge et nourriture aux jeunes itinérants.

Le père Pops a ensuite ouvert un refuge, baptisé Le Bunker, puis, en 1997, un Centre de jour, où les jeunes peuvent suivre des cours, participer à des ateliers d'art, de musique, d'informatique, en plus d'avoir accès à du soutien psychologique. En avril 2009, l'école du Centre de jour a d'ailleurs été rebaptisée l'École Emmett Johns.