«Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de ma fille. Elle a maintenant 22 ans. Cela fait maintenant 3 ans qu'elle est partie en Syrie. Elle est née quelques jours après Noël. C'était mon cadeau de l'année. Je fêtais deux évènements en même temps : la naissance de cette jolie, adorable petite fille et le Nouvel An. Nous observions comment elle grandissait. Je me souviens encore quand elle a commencé à bouger ses pieds. Nous étions vraiment contents. Je l'ai ramenée chez mes parents pour qu'ils puissent voir ce miracle.

«La vie continue. Plus elle grandit, plus nous sommes fiers d'elle, car elle excelle à l'école. Elle est très éduquée et souriante. L'occasion de venir au Canada s'étant présentée. Malgré notre situation sociale confortable, venir au Canada, c'est l'occasion d'offrir à nos enfants les meilleures études dans un pays plus développé. On a aussi choisi le Canada, car c'est un pays multiethnique. Nous sommes tous venus d'un pays différent à une époque différente. C'est notre pays à nous aussi. Nos enfants sont émerveillés et ils se sont facilement adaptés. Nous étions contents et nous vivions très heureux. Les résultats scolaires de ma fille étaient excellents. C'est une fille qui aimait vivre, qui écoutait de la musique et qui blaguait tout le temps. J'adore quand elle rentre à la maison après l'école, car elle crée une ambiance joyeuse et harmonieuse. C'est une fille aimée par tout le monde parce qu'elle est sensible, fine et douce.

«Hélas, le monde extérieur est très dangereux. Les monstres ont profité de sa sensibilité et sa générosité. Ils l'ont endoctrinée avec leurs idées et l'ont jetée en Syrie.»

«Elle a tout laissé derrière elle, elle était en sciences santé avec une cote R de 33. Comme je l'avais précisé avant, c'est une fille très sensible aux autres, ils lui ont expliqué que là-bas elle pourra être plus utile. Ils lui ont expliqué qu'elle peut faire sa médecine en trois ans tout en aidant les enfants bombardés par le président de la Syrie. Malheureusement, elle s'est fait avoir. Tout ça sans rien dire aux parents. Ils lui ont dit que les parents ne lui veulent pas du bien. Ils lui ont fait un vrai lavage de cerveau. Ce sont des professionnels qui se trouvent ici, ils resteront toujours ici. Ils s'attaquent aux jeunes de 18 ou 19 ans et ils se jettent dans la gueule du loup.

«Cela fait trois ans, trois ans sans l'enfant qu'on a éduquée, adorée et chérie. Vous êtes tous des parents donc vous pouvez sentir ce que je ressens. Il se peut que vous croyiez qu'avec le temps, on a oublié notre fille. Sachez qu'on ressent la même douleur, qu'on répète les mêmes prières et les mêmes paroles chaque jour.

« Le comble en tant que parent, c'est de se sentir impuissant quand tu vois ton enfant en difficulté et tu sais que tu ne peux l'aider. Contrairement au gouvernement qui a les moyens nécessaires pour récupérer notre enfant.

«Quand nous avons un enfant qui a un bon métier, on l'encourage parce qu'il participe à l'épanouissement du Canada.

«Par contre, celui qui fait des erreurs, nous devons aussi l'aider, et non l'abandonner.

«Aider ces victimes jetées en Syrie à réintégrer la société et retrouver leurs parents, afin qu'elles sentent qu'elles sont toujours aimées et que le Canada les veut encore, malgré le fait qu'elles aient pris de mauvaises décisions.

«Ils étaient des gens de société, comme vous et moi, non pas des loups solitaires, comme les décrivent les journalistes à qui veut bien l'entendre. Prenez un instant pour vous rapprocher de leurs familles, et vous réaliserez que ce ne sont pas des gens qui méritent de laisser aux loups les dévorer.

«Jugez les gens conscients du mal qu'ils ont fait en les endoctrinant, non pas des enfants de 18 et 19 ans qui ont quitté les bancs d'école pour partir à la guerre dans un environnement hostile alors qu'ils ne savent même pas ce qu'est la violence. Ne les abandonnons pas comme l'ont fait les gens qui les ont recrutés pour ensuite les déserter. Ils réaliseront beaucoup plus pour et au Canada, que nulle part ailleurs.»