Une collecte de fonds organisée pour offrir une maison adaptée à un survivant de la tuerie de la mosquée de Québec a déjà amassé près de 200 000 $, soit la moitié de son objectif.

Aymen Derbali, père de trois enfants, a perdu l'usage de ses jambes après avoir reçu sept balles, dont deux dans la colonne vertébrale, lors de la fusillade qui a fait six morts en janvier dernier.

L'organisme à but non lucratif DawaNet, basé à Toronto, a mis sur pied la collecte de fonds afin de récolter 400 000 $ d'ici au premier anniversaire du terrible événement, le 29 janvier.

En entrevue avec La Presse Canadienne, Aymen Derbali a confié être très touché par la démarche.

Il a affirmé que cela lui faisait chaud au coeur, qu'il était très content et qu'il remerciait tous ceux qui avaient participé à la collecte de fonds.

L'homme de 41 ans, paralysé du torse jusqu'aux pieds, réside dans un centre de réadaptation de Québec où il continue de faire des progrès.

«Je commence petit à petit à utiliser mes doigts, mais je ne peux pas utiliser convenablement mes mains», a expliqué celui qui n'a aucune idée du jour où il pourra quitter le centre.

Mais avant de pouvoir obtenir son congé de la part des médecins, il doit trouver un nouveau lieu de résidence adapté à sa condition puisqu'il se déplace en fauteuil roulant motorisé.

C'est là qu'intervient l'organisme DawaNet, qui soutient la communauté musulmane de Québec depuis l'attentat de janvier.

«Lorsque l'on a demandé à la communauté ce qu'on pouvait faire de plus pour l'aider, tout le monde a parlé de l'histoire d'Aymen. Tout le monde se fait du souci pour lui, ils veulent savoir ce qui va lui arriver, où il va s'installer quand il sortira du centre de réadaptation», a raconté Amira Elghawaby, qui est bénévole au sein de l'organisme.

Elle explique que M. Derbali ne peut pas retourner dans son appartement avec sa famille puisqu'il se trouve au quatrième étage d'un immeuble. Il ne peut les visiter que quelques heures à la fois et ne peut pas demeurer sur place, car il serait trop difficile de l'évacuer en cas d'urgence.

DawaNet a donc demandé l'aide du public pour acheter une maison adaptée à un fauteuil roulant, dans le secteur Sainte-Foy, près de la mosquée.

«On a vraiment été renversés par la réponse du public et la générosité des Canadiens de partout au pays et de tous les milieux», a reconnu Mme Elghawaby.

Un véritable héros

Pour les membres de la communauté musulmane de Québec, Aymen Derbali est un véritable héros.

Selon le récit qu'il a fait des événements, une version corroborée par des témoins de la scène, M. Derbali a cherché à attirer l'attention du tireur dans le hall de la mosquée afin de donner plus de temps aux gens pour fuir les lieux.

Son geste lui a valu sept balles, dont deux se trouvent toujours dans sa colonne vertébrale.

Malgré les terribles souvenirs du massacre, il continue de fréquenter la mosquée et d'assister à la prière du vendredi.

Si tout se déroule bien, il pourra bientôt s'y rendre encore plus régulièrement, alors que l'organisme DawaNet affirme avoir repéré une maison déjà adaptée située tout près du lieu de culte.

La résidence possède déjà de larges portes et son rez-de-chaussée n'a pas de marche.