Québec a annoncé aujourd'hui une subvention de 44 millions de dollars pour venir en aide à l'industrie du taxi, une mesure qui ne plaît pas à certains chauffeurs et propriétaires de taxi qui affirment que le gouvernement ne les écoute pas.

L'annonce du gouvernement a été faite à Montréal aujourd'hui par le ministre provincial des Transports André Fortin. M. Fortin a indiqué que les 44 millions serviront à mettre en place un programme de modernisation de l'industrie du taxi notamment en finançant l'acquisition d'applications technologiques et en facilitant l'accès à des véhicules électriques.

Le ministre des Transports a également annoncé la création d'un groupe de travail qui aura pour mandat d'étudier la question de la compensation pour les pertes de valeur des permis de taxi. Composé de représentants de Québec et de l'industrie du taxi, ce groupe devra soumettre son rapport en février 2018.

André Fortin a affirmé que la subvention accordée est la preuve que « le gouvernement provincial reconnaît que l'industrie du taxi est en constant changement ». Le programme de subvention sera financé par les droits exigibles d'Uber dans le cadre du projet-pilote mis en place en octobre 2016.

Interrogé sur l'exemption des permis dont bénéficie actuellement Uber, le ministre des Transports a affirmé qu'il « reconnaît qu'il y a un problème d'équité à ce niveau ». Toutefois, il a indiqué que les solutions à ce problème viendront à « long terme ». « Le processus qu'on amorce est lié à la compensation de la perte de valeur des permis. On sait bien qu'Uber ne détient pas ces permis. [...] S'il faut un encadrement à plus long terme, je peux vous assurer que le premier critère sera l'équité ».

« Le gouvernement nous donne des somnifères »

« Le gouvernement nous donne des somnifères. Au lieu de parler de la compensation, on parle d'argent qui sera injecté dans des entreprises qui n'ont rien investi », a affirmé Dama Métellus, propriétaire et chauffeur de taxi qui est derrière la demande de recours collectif déposée contre le gouvernement. M. Métellus a déclaré que l'annonce d'aujourd'hui passe à côté de l'enjeu de la modernisation. « Si on veut moderniser l'industrie, il faut subventionner l'achat de voitures électriques. Ça, c'est de l'aide directe. Mais quand on investit de l'argent dans des entreprises qui n'ont rien investi dans des permis, ce n'est pas de l'aide à l'industrie du taxi. »

Le président de la Ligue des taxis du Québec, Mouhcine El Meliani, a affirmé qu'il a perdu confiance dans le gouvernement. « Chaque fois que le gouvernement a annoncé quelque chose, il a fait le contraire. Il a dit qu'il allait adopter une loi équitable pour tous les acteurs de l'industrie du taxi, il ne l'a pas fait. L'annonce d'aujourd'hui n'est que de la poudre aux yeux ». M. El Meliani a déclaré qu'il souhaite que le gouvernement force tous les acteurs à respecter les mêmes règles. « On nous a forcés à acheter des permis de taxi et on a autorisé un système parallèle ».

Le conseiller municipal de l'arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, Frantz Benjamin, a indiqué qu'il est satisfait de l'annonce faite par le ministre des Transports. « L'annonce d'aujourd'hui répond à une partie des besoins de l'industrie. Les Montréalais et Montréalaises ont souvent exprimé leur désir d'avoir une flotte de taxis modernisés », a-t-il dit. Concernant le dossier des permis, M. Benjamin a affirmé que la décision du gouvernement est un pas dans la bonne direction. « Ça indique la volonté du gouvernement de régler bientôt la question des compensations ».

photo PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

L'accueil était plutôt mitigé chez les chauffeurs de taxis présents.