La « loi du silence » doit disparaître du milieu artistique, affirme la présidente de l'Union des artistes (UDA), Sophie Prégent, qui participera au dévoilement d'une déclaration ambitieuse pour mettre fin au harcèlement dans le milieu culturel.

La Déclaration pour un environnement de travail exempt de harcèlement dans le milieu culturel québécois sera dévoilée ce matin au forum sur les agressions sexuelles organisé par le gouvernement Couillard à Québec.

Une trentaine d'organismes qui représentent des dizaines de milliers de travailleurs vont adhérer au texte, qui vise à établir la « tolérance zéro » face au harcèlement.

« La loi du silence, elle n'est plus viable », a observé Mme Prégent, qui prendra part aux échanges en compagnie de quelque 180 organismes à Québec.

Le milieu culturel s'est trouvé à l'épicentre d'une série de scandales sexuels, cet automne. Les dénonciations des agissements d'Éric Salvail et de Gilbert Rozon ont ébranlé l'industrie. 

Le problème n'est pas propre à l'industrie culturelle, dit Mme Prégent. Mais la présence de nombreux travailleurs autonomes, sans sécurité d'emploi, a créé des conditions favorables aux abus.

Photo Edouard Plante-Fréchette, Archives La Presse

Le problème du harcèlement n'est pas propre à l'industrie culturelle, dit Sophie Prégent, présidente de l'Union des artistes. Mais la présence de nombreux travailleurs autonomes, sans sécurité d'emploi, a créé des conditions favorables aux abus.

La déclaration d'aujourd'hui découle d'une initiative de l'UDA, de l'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son (AQTIS) et de deux organisations patronales. Elle sera suivie d'un code de conduite sur les lieux de tournage et de la mise en place d'un guichet unique de dénonciation.

DÉNONCIATIONS

L'UDA a déjà créé une ligne de dénonciation pour les travailleurs qui s'estiment harcelés. Elle n'avait jamais été aussi sollicitée, convient Mme Prégent, qui confirme qu'un « déclic » s'est opéré ces dernières semaines.

« Il y a eu les événements Salvail, Rozon et tout ça, mais c'est beaucoup les réseaux sociaux, selon moi, qui font que les gens parlent, dit-elle. Tout à coup, il y a l'effet du nombre qui fait qu'ils se sentent plus nombreux, plus forts et qu'ils n'ont plus le goût de se taire. Ça, ça fait sonner les lignes à l'Union. »

NE PAS OUBLIER LE MILIEU SPORTIF, DIT LA LHJMQ

Le gouvernement Couillard ne doit pas oublier le milieu sportif dans une éventuelle stratégie pour contrer les agressions sexuelles, prévient la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Le circuit, la seule ligue sportive à prendre part au Forum d'aujourd'hui, a été ébranlé par des allégations visant un groupe de joueurs des Olympiques de Gatineau, il y a trois ans. Depuis, il a mis sur pied une série de mesures de sensibilisation. Des formations sont offertes aux joueurs, aux dirigeants d'équipes, aux entraîneurs, aux agents et aux parents. Le harcèlement dans le milieu sportif « n'est pas à négliger », prévient Natacha Llorens, directrice des services aux joueurs de la LHJMQ. Elle cite en guise d'exemples les cas de l'entraîneur de ski Bertrand Charest et du joueur étoile Patrick Kane, qui a été ciblé par des allégations. « C'est vite étouffé, ces choses-là, parce qu'ils ne veulent pas que ça reste longtemps dans les médias, a dit Mme Llorens. Mais on sait très bien que ça se passe. Donc, moi, je pense que toute organisation sportive se doit de sensibiliser ses athlètes à différents niveaux. »

LES ORGANISMES D'AIDE « SOUS-FINANCÉS »

Faute de financement, les organismes d'aide aux victimes d'agression sexuelle sont incapables de composer avec des demandes toujours plus nombreuses. C'est ce qu'indique le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) dans un rapport remis au gouvernement Couillard hier. « Les CALACS font face à un sous-financement chronique qui les empêche de réaliser pleinement leur mission afin d'être la solution à la situation alarmante en matière d'aide aux victimes de prévention de la violence sexuelle », peut-on lire dans le document. L'organisme réclame 5,85 millions pour répondre à la « hausse marquée » de l'affluence des dernières années. Québec avait annoncé une aide d'urgence de 1 million aux organismes communautaires, plus tôt cet automne. Cette enveloppe, qui a permis à des organismes de toucher de 10 000 à 30 000 $, a été jugée insuffisante par plusieurs groupes.