Atteindre Québec en 25 minutes dans des capsules futuristes filant à 1200 km/h ? C'est le rêve de Transpod Hyperloop, entreprise en démarrage canadienne qui veut faire sa place dans le monde en pleine ébullition de l'hyperloop.

En entrevue à La Presse, le président de la petite boîte torontoise, Sébastien Gendron, a annoncé son intention de mener une étude de faisabilité sur le corridor Montréal-Québec dès le début de l'an prochain.

« On a commencé à travailler sur la feuille de route pour le gouvernement du Québec, et on va la soumettre au début de l'an prochain », a dit M. Gendron. L'entrepreneur explique que le trajet Toronto-Montréal demeure sa priorité, mais que l'entreprise pourrait viser un corridor plus simple comme Calgary-Edmonton ou Montréal-Québec pour son premier déploiement.

Alors qu'on débat de monorail, de train à haute fréquence et d'autobus à grande vitesse pour relier les deux plus grandes villes de la province, Transpod veut ainsi mettre une autre option sur la table. Tout en précisant que dans le meilleur des scénarios, un tel système ne serait pas déployé avant 2030.

L'hyperloop est le système futuriste proposé par l'entrepreneur de la Silicon Valley Elon Musk, inspiré des systèmes de messagerie pneumatique qui acheminaient naguère documents et colis dans les entreprises. Le concept : faire filer des capsules remplies de passagers à 1200 km/h dans des tubes à basse pression.

Si l'idée semble relever de la science-fiction, elle est basée sur des technologies qui existent déjà, comme les moteurs à induction linéaires et la lévitation magnétique. Pas moins de neuf entreprises dans le monde travaillent à la concrétiser. La californienne Hyperloop One, qui semble pour l'instant la plus avancée, compte plus de 300 employés et a récolté 345 millions US. Elle a déjà testé des prototypes dans le désert du Nevada. Son président, Rob Lloyd, avait dit à La Presse avoir aussi l'oeil sur le corridor Toronto-Montréal.

Avec une vingtaine d'employés et un financement qui atteint 15 millions US, Transpod semble bien petite par rapport au géant californien et à d'autres acteurs comme Hyperloop Transportation Technologies.

« On est David contre Goliath. Mais c'est David qui gagne », dit Sébastien Gendron, président de Transpod Hyperloop.

L'entreprise, qui se concentre encore sur la conception par ordinateur, n'a pas encore construit la moindre capsule. Mais elle dit détenir des brevets qui abaisseraient significativement le coût de construction par kilomètre d'un système hyperloop. Le secret serait de concentrer le système de propulsion sur les capsules plutôt que sur les tubes.

« C'EST LA PROCHAINE GÉNÉRATION DE TRANSPORT TERRESTRE » 

« Pour nous, 2018 sera l'année charnière », dit M. Gendron, un Français qui a roulé sa bosse dans l'industrie aéronautique avant de cofonder Transpod. Il estime pouvoir annoncer une deuxième ronde de financement de 50 millions canadiens récoltée auprès d'investisseurs tant industriels qu'institutionnels, et provenant autant du Canada que de l'Europe. Selon le président, cette ronde permettra à l'entreprise d'établir sa crédibilité et de doubler son nombre d'employés.

Combien coûterait un voyage en hyperloop ? Sébastien Gendron n'a pas encore la réponse pour le corridor Montréal-Québec. Mais selon les calculs de la firme, un aller simple vers Toronto coûterait de 60 à 80 $. Comme ses concurrents, Transpod plaide que l'hyperloop serait moins cher que l'avion et le train, en plus d'être plus rapide et d'émettre très peu de gaz à effet de serre.

Le plus gros défi à l'implantation du système ? Sébastien Gendron réfléchit. Les obstacles technologiques et réglementaires, convient-il, ne sont pas à négliger. « Je dirais que c'est la pédagogie, dit-il toutefois. Il faut expliquer aux politiciens et au grand public que ce n'est pas de la science-fiction. Il y a une peur du changement, mais c'est la prochaine génération de transport terrestre. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Sébastien Gendron, président de Transpod Hyperloop