Le mari de Concepción Cortacans, heurtée mortellement par un chauffard en janvier 2016, juge insatisfaisantes les mesures prises par Montréal pour sécuriser le lieu de l'impact.

Le mari de la joggeuse heurtée à mort par un chauffard devant le mont Royal il y a bientôt deux ans accuse la Ville de Montréal de se « traîner les pieds » dans la sécurisation du lieu de l'impact.

Près de six mois après le dépôt du rapport de la coroner qualifiant la mort de Concepción Cortacans d'« évitable », André Benyamin note que le tronçon de l'avenue du Parc entre l'avenue du Mont-Royal et l'avenue des Pins est aussi dangereux qu'avant.

« Ma femme a été tuée par un chauffard, et la coroner a statué que c'était "évitable". Des gens accélèrent quand le feu est jaune et grillent souvent le feu rouge à cet endroit. C'est aussi dangereux qu'avant. Est-ce qu'il faut qu'une autre personne soit tuée pour que les choses bougent ? »

Dans son rapport, déposé en mai dernier, la coroner Stéphanie Gamache recommandait à la Ville de Montréal de « revoir la signalisation [...] dans le but de rendre ce passage plus visible pour les automobilistes [...] par l'ajout de panneaux indiquant spécifiquement la présence de ce passage pour piétons. »

La Ville de Montréal a ajouté, le 3 septembre dernier, des panneaux pictogrammes montrant la silhouette d'un piéton. Les panneaux sont à plusieurs dizaines de mètres des feux de circulation, tant du côté est que du côté ouest de l'avenue du Parc.

Frédéric Amiand, relationniste à la Ville de Montréal, note que des panneaux de signal avancé de feux de circulation seront installés « dans les prochaines semaines », de même que des écrans jaunes autour des lentilles des feux de circulation, qui seront ainsi plus visibles.

« C'EST UNE VÉRITABLE AUTOROUTE »

Pour Alex Norris, conseiller de ville sortant du district Jeanne-Mance avec Projet Montréal, ces ajouts ne sont pas suffisants pour donner aux usagers du parc une sécurité à la hauteur de la popularité des lieux.

« C'est une véritable autoroute qui sépare les deux parcs les plus achalandés de Montréal, dit-il. Il y a huit voies de circulation automobile ! Ce que la Ville a fait, c'est vraiment le strict minimum, et elle a été lente à le faire. C'est loin de sécuriser l'endroit. »

« Mais ce que dit la signalisation et ce que dit l'aménagement des lieux, c'est deux choses, ajoute-t-il. La signalisation dit 40 km/h, mais l'aménagement dit 70 km/h. »

Pour Marc-Antoine Desjardins, candidat de l'Équipe Denis Coderre dans le district Jeanne-Mance, les modifications faites par la Ville sont « la preuve qu'on est en mode solution ».

« On va même plus loin que ce que la coroner demande : on analyse avec la STM la possibilité de reculer l'arrêt d'autobus pour accroître le champ de vision », précise M. Desjardins, qui dit faire du vélo à Montréal « 12 mois par année » et qui est l'organisateur de l'évènement Cyclovia Camillien-Houde.

Dans le cas de la mort du jeune cycliste Clément Ouimet, fauché par un automobiliste sur la voie Camillien-Houde le mois dernier, la Ville a agi « dès le lundi de l'Action de grâce » pour rendre les lieux plus sécuritaires, dit-il.

« M. Norris peut bien chialer contre les mesures qu'on a prises, lui n'a rien fait depuis 8 ans pour enlever les problèmes d'itinérance sur la rue Saint-Dominique, ni pour régler toute la question de l'itinérance autochtone, alors il pourrait se garder une petite gène s'il trouve qu'on ne va pas assez vite », dit M. Desjardins.

Au matin du 7 janvier 2016, Concepción Cortacans traversait l'avenue du Parc d'est en ouest lorsqu'elle a été heurtée à mort par le conducteur d'un VUS qui a grillé son feu rouge. Le chauffard, qui a plaidé la distraction et a dit ne pas avoir réalisé qu'un passage piéton se trouvait à cet endroit, n'a pas été accusé. Il a reçu une contravention et a pu reprendre le volant le jour même.

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Concepción Cortacans