Le harcèlement sexuel dénoncé par des milliers de femmes qui témoignent en utilisant le mot-clic #MoiAussi sur les réseaux sociaux trouve un écho à l'Assemblée nationale, où les députées encouragent celles qui vivent des situations inconfortables ou harcelantes à les dénoncer.

Sylvie D'Amours, députée de Mirabel pour la Coalition avenir Québec (CAQ), joint sa voix à celles qui ont publiquement raconté leur histoire, ces derniers jours. Lorsqu'elle était dans la jeune vingtaine, elle a été intimidée par un député à l'hôtel où elle travaillait. Maintenant qu'elle est elle-même parlementaire, les mentalités n'ont pas complètement changé, affirme-t-elle, se disant témoin de «jokes de mononcles» ou d'intimidation à l'occasion.

« Je l'ai vécu ici, à l'Assemblée nationale. Un député qui dit à une députée de sa formation politique qu'elle a une belle petite jupe rose, en "mononcle". Haut et fort, je lui ai dit : "Voyons, c'est quoi cette réplique-là ? [...] Ce n'est pas drôle" », raconte Mme D'Amours en entrevue avec La Presse.

La députée caquiste a également déjà rencontré le whip d'une formation politique de l'Assemblée nationale pour se plaindre du comportement intimidant qu'un député avait envers elle.

« J'ai subi de l'intimidation par des collègues [qui] me parlaient parfois à deux pouces du nez. [...] [Sa formation politique] l'a changé de place et il a été averti », dit-elle, ajoutant que les hommes doivent aussi comprendre qu'ils ont un rôle à jouer en dénonçant les comportements inappropriés dont ils sont témoins.

Un mouvement «énorme», souligne Hélène David

La nouvelle ministre de la Condition féminine, Hélène David, salue pour sa part les femmes qui prennent la parole en témoignant des agressions dont elles sont victimes.

« Si vous pensiez qu'on n'avait pas besoin d'une ministre de la Condition féminine, j'espère que vous ne vous posez plus la question », dit-elle.

« C'est énorme, ce qui se passe en ce moment, et je pèse bien mes mots. C'est énorme, c'est mondial. [...] Ce n'est pas pour rien qu'il y a des centaines et des milliers de femmes qui dévoilent [ce qu'elles ont vécu] », poursuit la ministre, précisant qu'elle n'encourage pas les femmes à nommer ceux qu'elles dénoncent sur les réseaux sociaux, mais à s'en remettre plutôt à la justice pour ce faire.

Motion de Québec solidaire

Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, s'est pour sa part dite « bouleversée » par la nouvelle vague de témoignages empruntant le mot-clic #MoiAussi. Elle doit proposer aujourd'hui une motion à l'Assemblée nationale, qu'elle espère unanime, pour que les parlementaires assument leur leadership en matière de prévention des violences sexuelles.

« On rentre présentement dans une nouvelle phase où la culture du viol devient un peu plus compréhensible. On reconnaît dans les écrits que les gens laissent que ce n'est plus que la question du viol qui est problématique [...], mais que c'est un ensemble de comportements qui fait en sorte que les femmes ne peuvent pas, de façon égale, se développer comme peuvent le faire les hommes », affirme Mme Massé.

Le mot-clic #MoiAussi, la version québécoise de #MeToo lancé par l'actrice américaine Alyssa Milano dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein, a aussi son équivalent en France avec l'utilisation de l'expression #BalanceTonPorc.

Photo IVANOH DEMERS, Archives LA PRESSE

Hélène David, ministre de la Condition féminine