Le père du policier Thierry LeRoux, tué par balle à Lac-Simon en février 2016, aimerait voir le gouvernement fédéral resserrer les restrictions entourant l'accès aux armes à feu.

Michel LeRoux dit avoir écrit au ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale cette semaine pour lui parler de son fils.

Le jeune policier recrue ne servait que depuis six mois au sein de la police de la communauté algonquine de Lac-Simon, près de Val-d'Or, lorsqu'il a été tué.

En entrevue depuis Baie-Comeau, mardi, M. LeRoux a précisé que les autorités lui avaient dit que l'homme qui a tué son fils s'était fait confisquer ses armes à feu lorsqu'il a été hospitalisé, quelques mois avant la fusillade.

Il ajoute qu'on a ensuite ordonné qu'on lui rende ses armes - elles ont été livrées par Thierry LeRoux lui-même -, même si l'individu avait un historique de comportements suicidaires.

Dans sa lettre à M. Goodale et à d'autres élus, M. LeRoux affirme que les autorités n'auraient jamais dû permettre à l'assassin de son fils de posséder des armes, et ajoute que sans arme à feu, la situation aurait été complètement différente, et son fils comme le meurtrier seraient sans doute encore en vie aujourd'hui.

M. LeRoux dit avoir été déçu des conclusions du coroner, qui n'a fait aucune recommandation en ce sens.

Le rapport indique que son fils n'a pas suivi les procédures et qu'il a agi avec «un excès de confiance» le soir où il a reçu deux balles dans le dos.

C'est ce qui a poussé Michel LeRoux à demander un resserrement des restrictions.

«Moi, ce que je veux, c'est qu'on resserre les lois, qu'on resserre l'application», a-t-il lancé.

Un individu qui n'aurait pas dû avoir d'arme

Depuis la publication de la lettre, l'homme a provoqué la colère du lobby des armes.

L'ingénieur prochainement à la retraite assure qu'il n'a rien contre les chasseurs ou les armes. Il souligne qu'il est né en Abitibi-Témiscamingue et réside aujourd'hui au Saguenay-Lac-Saint-Jean, deux régions réputées pour la chasse et la pêche.

«(Le problème) que j'ai, c'est qu'on a l'accessibilité aux armes à feu de toutes sortes dans les mains de personnes qui sont psychologiquement incapables d'en avoir», déplore-t-il.

Dans sa lettre au ministre Goodale, dont une copie a été transmise au ministre québécois de la Sécurité publique Martin Coiteux, il demande un contrôle renforcé afin d'empêcher les individus aux tendances violentes, menaçantes ou suicidaires de pouvoir accéder à des armes.

Il demande également la mise en place de règles plus sévères en ce qui a trait aux armes de catégorie militaire, un enjeu sur lequel les libéraux de Justin Trudeau avaient promis de se pencher en 2015.

Heidi Rathjen, une militante pour le contrôle des armes au sein du groupe PolySeSouvient, rappelle que Ralph Goodale a promis de déposer un projet de loi d'ici la fin de l'année.

«Voici une autre voix d'une personne qui a vécu une terrible tragédie parce qu'un individu qui n'aurait pas dû avoir d'arme à feu a légalement pu en avoir une», a-t-elle noté au sujet de M. LeRoux.

«Cela prouve que nous devons resserrer l'accès.»

M. LeRoux aimerait voir du positif émaner du deuil profond que vit sa famille.

«Nous l'appuyions, nous étions fiers de lui, nous le sommes toujours, dit-il en ravalant ses larmes. Nous voulons nous assurer que Thierry n'est pas mort pour rien.»

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Thierry Leroux