Le bureau du coroner a publié la semaine dernière son rapport sur la mort du policier Thierry Leroux, du Service de police du Lac-Simon, survenue le 13 février 2016. Le rapport, qui ne fournit aucune recommandation, indique qu'il y a eu «une certaine part d'improvisation» dans l'intervention de l'agent Leroux.

Thierry Leroux a été abattu le 13 février 2016 par Joseph Anthony Raymond Papatie lors d'une intervention policière qui faisait suite à un appel d'urgence. M. Papatie se serait suicidé par la suite avec une carabine de calibre 30-06.

Le rapport du coroner Jean-François Lécuyer enrage Michel Leroux, père de Thierry Leroux. Ce dernier estime que «toute la faute a été déposée sur [son] fils et sur son collègue».

M. Leroux estime que le rapport ne tient pas compte des antécédents de M. Papatie. «Il y avait eu des interventions policières quelque temps avant cet événement. Ensuite, le hasard a voulu que ce soit Thierry lui-même qui lui a remis les trois armes qui lui ont été saisies. Par souci professionnel, on ne peut même pas savoir pourquoi on a décidé de remettre des armes à un homme qui avait des pensées suicidaires depuis 2009.»

Une intervention non planifiée



Le rapport du coroner indique que l'agent Thierry Leroux n'a pas appliqué les principes d'intervention policière nécessaires dans ce genre de situation, dont le port à la main de son arme de poing et l'analyse du niveau de risque. «L'agent Leroux est descendu rapidement dans l'escalier avec son arme de service dans son ceinturon et que par conséquent, il n'avait pas son arme à la main. Selon le rapport d'expertise, l'action du policier n'est pas conforme aux enseignements de l'École nationale de police du Québec. Cet élément a pour effet d'ajouter un délai de réaction supplémentaire pour l'agent Leroux», lit-on dans le rapport.

Le rapport stipule aussi qu'une évaluation de la situation n'a pas été faite. «La situation exigeait qu'un superviseur soit avisé, car il s'agissait d'une situation à haut risque. Ceci aurait permis de vérifier la disponibilité de l'assistance policière et le temps de réponse en plus de permettre au superviseur de donner des conseils concernant l'intervention», lit-on. 

Si l'agent Leroux n'a pas attendu longtemps avant d'affronter M. Papatie, le bureau du coroner conclut «qu'il n'y avait aucune urgence à agir». Le rapport critique le manque de planification de l'intervention, qui s'est soldée par une mort «qui aurait pu être évitée». «Il y a eu action rapide, sans planification. Les policiers n'ont pas établi de rôle pour chacun ni de plan de match. Il semble qu'il y ait eu une certaine part d'improvisation durant l'intervention.»

Messages contradictoires

Michel Leroux estime que les autorités envoient des messages contradictoires aux policiers. «Tantôt, on dit aux policiers de ne pas faire usage de leurs armes de poing et quand ils sont morts, on leur dit qu'ils n'en ont pas fait usage. La réalité, c'est que les corps policiers encouragent les agents à ne pas faire usage de leurs armes de poing dans les milieux autochtones», a-t-il affirmé.

M. Leroux a affirmé que «le contenu du rapport du coroner est insultant». «On me dit que mon fils est mort de sa propre faute. C'est insultant. On rejette du revers de la main le contexte de l'intervention.»

«C'est la colère que je ressens aujourd'hui. On reproche à mon fils de ne pas avoir respecté une virgule du "manuel du parfait policier". C'est complètement ridicule.»