Environ 370 touristes canadiens qui étaient encore coincés à Saint-Martin et aux îles Turques-et-Caïques depuis le passage de l'ouragan Irma sont rentrés au pays tard hier soir et tôt ce matin, soulagés après des moments d'angoisse.

Après plusieurs heures d'attente et beaucoup d'incertitude, des avions de WestJet et d'Air Canada ont ramené les voyageurs de ces deux destinations, où les infrastructures ont été lourdement endommagées. 

Les atterrissages et les décollages étaient rendus difficiles en raison de la situation chaotique, 

Un appareil d'Air Canada a décollé en fin d'après-midi hier de l'aéroport de Providenciales, aux îles Turques-et-Caïques, avec 90 passagers à bord. Cet avion était arrivé sur place la veille, avec du personnel pour assister les services d'urgences, mais les autorités locales l'ont empêché de décoller en soirée dimanche, a expliqué le ministre des Transports, Marc Garneau, en point de presse hier en mi-journée.

L'aéroport n'avait pas d'électricité et manquait de personnel pour l'entretien et le ravitaillement des appareils, et pour les services nécessaires à l'embarquement des passagers. De nombreux employés, occupés à sécuriser leurs maisons endommagées, ne se sont pas présentés au travail, selon des sources gouvernementales canadiennes.

Il a fallu une intervention politique en haut lieu pour que les autorités de l'aéroport acceptent de laisser décoller les avions canadiens, même si les appareils permettant la détection des matières dangereuses dans les bagages des passagers n'étaient pas fonctionnels, en raison des pannes de courant.

Outre le vol d'Air Canada, qui a atterri à Toronto à 21h, un appareil de WestJet a ramené 130 voyageurs des îles Turques-et-Caïques vers minuit dans la Ville-Reine.

Un autre vol de WestJet est revenu de l'île de Saint-Martin avec 150 personnes à bord et s'est posé à Toronto vers 22h40.

Confort relatif

Aux îles Turques-et-Caïques, les voyageurs canadiens hébergés au Club Med avaient hâte d'être fixés sur le moment de leur retour, mais leur situation n'était pas catastrophique. 

«On a de l'eau pour se laver, de l'eau potable en bouteille, de la nourriture, et l'air climatisé vient d'être rétabli, grâce aux génératrices», indiquait la Québécoise Elizabeth Nahas, quelques heures avant d'embarquer sur son vol de retour. «Il fait très beau depuis deux jours, on a même pu profiter un peu de la plage, en faisant attention aux débris. Mais les gens qui habitent ici, eux, n'ont même plus de maison.»

Une centaine de touristes américains installés au même hôtel étaient, de leur côté, sans nouvelles de leur transporteur aérien ou d'une intervention de leur gouvernement pour leur permettre de rentrer chez eux.

À Saint-Martin, plusieurs voyageurs sinistrés étaient beaucoup moins confortables. «Ils n'ont presque plus de nourriture ni d'eau, et on ne leur a toujours pas confirmé qu'ils avaient une place sur le vol de West Jet pour rentrer au Canada», déplorait Félix Brabant hier après-midi, inquiet pour son frère Antoine, qui se trouvait dans l'île avec sa copine lors du passage d'Irma. 

Le jeune couple avait trouvé refuge chez des Québécois possédant une maison là-bas, mais les vivres étaient rationnés, et les pillages leur faisaient craindre pour leur sécurité. «Ils sont arrivés à l'aéroport à 4h du matin [hier] et ont passé la journée au gros soleil à attendre des informations sur leur départ», raconte Félix Brabant. Finalement, en fin de journée, il a eu la confirmation que son frère avait quitté l'île à destination de Toronto.

Une poignée de Canadiens se trouvent ailleurs dans la région: à Aguilla, Antigua, Saint-Barthélemy, Porto Rico, dans les îles Vierges Britanniques et aux Bahamas. En tout, le ministère des Affaires étrangères indique avoir reçu des demandes d'assistance de 390 citoyens affectés par l'ouragan, en plus de répondre à plus de 2000 appels et courriels pour donner de l'information sur les mesures à prendre.

Le Canada s'en remet aux vols commerciaux

Plusieurs familles ont reproché au Canada de n'avoir rien fait pour évacuer ses citoyens des Antilles avant le passage d'Irma, et de ne pas avoir envoyé un appareil militaire pour les secourir plus rapidement après la tempête.

«Les avions (commerciaux) étaient disponibles, le problème était soit de rentrer dans les aéroports pour ramasser les passagers ou, une fois atterri, de pouvoir partir avec des passagers», a expliqué le ministre Marc Garneau. «Le problème aurait été le même pour des avions militaires.»

Un avion C-17 des Forces armées canadiennes se rendra dans la région plus tard cette semaine pour y livrer des approvisionnements de secours et pourra rapatrier d'autres Canadiens au besoin, a ajouté le ministre, qui était accompagné lors du point de presse de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et de la ministre du Développement international Marie-Claude Bibeau.

Le ministre Garneau a souligné que le gouvernement avait publié sur son site d'information aux voyageurs, dès le 3 septembre, des mises en garde au sujet de l'arrivée d'Irma dans les Antilles. «L'information a été partagée, mais elle n'est pas toujours entendue par tout le monde avant la catastrophe», a-t-il noté, ajoutant qu'il comprenait le stress vécu par les touristes affectés et par leurs familles.