La décision du gouvernement Trudeau d'organiser le sommet du G7 dans la région de Charlevoix en juin 2018 permettra de limiter les coûts liés à la sécurité.

C'est du moins ce que soutient le sous-ministre aux Affaires étrangères responsable du sommet, Peter Boehm, qui est aussi le sherpa du premier ministre Justin Trudeau chargé de veiller au bon déroulement de la rencontre. Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Boehm a fait le point sur les défis qui l'attendent en tant que chef d'orchestre de l'équipe fédérale alors que le Canada assumera la présidence du G7 à compter du 1er janvier prochain.

Un sommet moins coûteux?

En juin 2010, le Canada avait accueilli deux sommets internationaux durant la même semaine, soit le sommet du G8 à Huntsville, dans la région de Muskoka, en Ontario (à l'époque, la Russie était toujours invitée aux réunions de ce club sélect), et celui du G20 à Toronto. L'organisation de ces deux sommets avait coûté quelque 664 millions de dollars aux contribuables, dont 314 millions uniquement pour assurer la sécurité. Le sommet du G20 à Toronto avait d'ailleurs donné lieu à de violentes manifestations, et les forces policières avaient dû intervenir à quelques reprises. Mais la tenue du sommet du G7 au Manoir Richelieu, à La Malbaie, au coeur de la région de Charlevoix, les 8 et 9 juin, permettra de réduire les coûts liés à la sécurité, selon Peter Boehm. « Nous avons tiré des leçons des derniers sommets tenus au pays. C'est mon job de minimiser les coûts », a-t-il affirmé. Les estimations des coûts du sommet de Charlevoix seront connues au cours des prochains mois.

Justin Trudeau parmi les doyens

Bien qu'il soit au pouvoir depuis moins de deux ans, le premier ministre Justin Trudeau est déjà l'un des doyens parmi les dirigeants des pays du G7. Au dernier sommet du G7, qui a eu lieu en juin en Italie, on comptait quatre nouveaux leaders autour de la table, dont le président des États-Unis Donald Trump et le président de la France Emmanuel Macron. « M. Trudeau est déjà un doyen de ces sommets, après la chancelière de l'Allemagne Angela Merkel et le premier ministre du Japon Shinzo Abe », note M. Boehm, qui a déjà été ambassadeur du Canada en Allemagne de 2008 à 2012 et qui a aussi été le coordonnateur national des sommets des Amériques qui se sont tenus à Santiago en 1998 et à Québec en 2001.

Des discussions sur des sujets imprévus

Le Canada prendra officiellement le relais de l'Italie pour assurer la présidence du G7 à compter du 1er janvier 2018. Le premier ministre Justin Trudeau a déjà indiqué certains des thèmes qu'il souhaite aborder durant le sommet de Charlevoix, notamment la question de l'égalité entre les hommes et les femmes, la croissance économique pour la classe moyenne et l'environnement. Mais, comme lors des sommets précédents, il faut s'attendre à ce que des sujets internationaux imprévus viennent aussi bousculer l'ordre du jour qui est souvent négocié à l'avance. Dans le passé, la faillite de Lehman Brothers ou la lutte contre le terrorisme ont été abordées durant les sommets. Au prochain sommet, le cas de la Corée du Nord et la prolifération de l'arme nucléaire pourraient bien s'imposer. Il y aura également des rencontres des ministres des Finances et aussi des ministres des Affaires étrangères au Canada, entre autres, mais elles n'auront pas lieu dans la région de Charlevoix. Elles pourraient avoir lieu à Toronto, à Montréal ou à Ottawa, par exemple.

Mieux sans la Russie

Depuis 2014, la Russie n'est plus invitée aux réunions de ce club sélect, qui est donc redevenu le G7. La Russie a été expulsée du sommet après que le régime de Vladimir Poutine eut illégalement annexé la Crimée. Selon Peter Boehm, les rencontres donnent lieu à de meilleurs échanges depuis. « Je crois que dans les réunions du sommet après la décision d'expulser la Russie, les discussions sont plus franches et plus ouvertes. On peut discuter de manière plus libre des dossiers qui touchent la Russie », a indiqué le sous-ministre Peter Boehm. Il a souligné que c'est au sommet d'Halifax, en 1995, que les leaders du G7 avaient commencé à faire une plus grande place à la Russie. Le président russe de l'époque était Boris Eltsine.

Donald Trump, un défi ?

En entrevue, Peter Boehm affirme qu'organiser le sommet du G7 alors que le président des États-Unis Donald Trump multiplie les déclarations et les politiques controversées (protectionnisme, retrait de l'accord de Paris sur les changements climatiques) ne représente pas un défi particulier. Il soutient qu'il a eu de bons échanges avec son homologue américain. « L'idée d'avoir une discussion ouverte entre amis et voisins, c'est important pour nous, pour éviter les surprises de la Maison-Blanche et de notre côté aussi », a-t-il dit. Il a ajouté que le premier ministre Justin Trudeau et les ministres de son cabinet avaient multiplié les rencontres avec les décideurs américains afin d'établir de bonnes relations de travail entre les deux pays. « Je vais certainement avoir la même approche pour avoir des discussions franches, mais sans laisser tomber nos principes et nos politiques. Et ça marche jusqu'ici », a-t-il dit.