De nombreux migrants nouvellement arrivés ont besoin de soins de santé, et la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) a reçu au cours des derniers jours ses premières factures de la part de médecins et de pharmaciens pour des services offerts à des patients sans carte soleil et qui ne sont pas couverts par le programme fédéral assurant des soins de santé aux demandeurs d'asile.

En date du 31 août, la RAMQ avait reçu 100 demandes de paiement, pour un total de 7005 $. La Régie a dû créer un code spécial pour la facturation de ces cas, qui a été communiqué le 16 août aux médecins et aux pharmaciens.

La mesure est rétroactive au 18 mai dernier et les professionnels ont 90 jours pour envoyer leurs factures à la RAMQ. Ceux qui ont vu des patients sans statut depuis cette date seront donc payés selon ces nouvelles modalités.

Mais les données actuelles ne montrent qu'une infime proportion des recours au système de santé par les nouveaux arrivants, puisque la majorité d'entre eux sont entrés au pays au mois d'août et que les factures des dernières semaines n'ont vraisemblablement pas encore été transmises.

ATTENTE DE STATUT

En temps normal, ceux qui demandent l'asile reçoivent des soins de santé partout au Canada grâce au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) en attendant de savoir si leur demande est acceptée ou refusée. Mais il faut avoir le statut officiel de « demandeur d'asile » pour être couvert par ce programme, après avoir été jugé admissible à déposer une demande. Le problème, c'est qu'en raison des délais actuels, les nouveaux arrivants peuvent attendre jusqu'à six mois avant de savoir si leur demande est admissible.

En attendant, ils représentent un casse-tête pour le système de santé.

En cas d'hospitalisation, les établissements de santé accumulent les factures pour transmettre au ministère de la Santé dans les prochaines semaines une compilation des coûts additionnels, indique une porte-parole du Ministère, Marie-Claude Lacasse.

Par exemple, l'hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, a reçu 59 personnes sans statut entre le 1er avril et le 29 août. À titre de comparaison, l'établissement avait traité 31 cas du genre entre le 1er avril 2016 et le 31 mars 2017.

C'est l'hôpital le plus proche du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, qui reçoit les migrants arrêtés après avoir traversé illégalement la frontière canado-américaine. Plusieurs femmes ont accouché à l'hôpital Anna-Laberge.

Ni l'hôpital ni le ministère de la Santé ne pouvaient détailler le coût des soins offerts aux migrants sans statut.

Qui paiera la note ?

« Des discussions sont en cours avec le fédéral pour le remboursement de ces sommes au Québec  », dit Marie-Claude Lacasse, porte-parole du Ministère de la Santé.

Au cabinet du ministre de la Santé Gaétan Barrette, l'attachée de presse Julie White assure que les factures seront transférées à Ottawa et qu'on ne s'attend pas à ce que le remboursement pose problème.

TRAITEMENT PLUS RAPIDE

À Ottawa, on assure travailler pour accélérer le traitement des dossiers, afin que les migrants soient fixés plus rapidement sur l'admissibilité de leur demande d'asile.

Le ministre des Transports Marc Garneau, qui dirige le groupe de travail intergouvernemental chargé de gérer l'afflux de migrants à la frontière canado-américaine, a notamment annoncé hier l'ouverture prochaine de nouveaux bureaux du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration au Complexe Guy-Favreau, à Montréal, pour tripler la capacité de traitement des demandes de statut de réfugié.

Par ailleurs, le nombre de demandeurs d'asile a diminué de 250 à environ 100 par jour depuis environ une semaine, mais il est trop tôt pour constater une tendance, selon Ottawa.

Le gouvernement fédéral se prépare d'ailleurs à recevoir d'autres demandeurs d'asile durant la saison froide : le ministère des Travaux publics a publié jeudi un appel d'offres pour l'installation d'unités d'hébergement chauffées permettant d'accueillir 200 personnes au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.