Alors qu'Ottawa et Québec disent étudier la possibilité de délivrer des permis de travail temporaires aux demandeurs d'asile, en attendant que leurs statuts soient déterminés, le premier ministre Justin Trudeau a émis un avertissement aux migrants passant la frontière illégalement, assurant que cela n'apportera «aucun avantage» et que la priorité est de «protéger les citoyens» canadiens.

Ils sont quelques milliers, surtout des Haïtiens, à avoir traversé la frontière en provenance des États-Unis et le traitement de leurs demandes d'asile se fera le plus rapidement possible, a promis Justin Trudeau. D'après le premier ministre, des permis de travail temporaires pourraient être une solution à court terme.

«C'est une possibilité qu'on espère pouvoir voir», a révélé le premier ministre, lors d'un point de presse qu'il a tenu à l'issue d'une réunion du groupe de travail intergouvernemental sur la migration irrégulière, à Montréal.

«Nous savons que de pouvoir offrir des permis de travail, même temporaires, à des gens pour (qu'ils puissent) développer un peu moins de dépendance sur le système et (sur) le processus de soutien temporaire, ça peut être très positif», a avancé M. Trudeau.

Le premier ministre a réitéré sa confiance envers le système d'immigration canadien, tout en assurant qu'il était nécessaire de «suivre les règles».

«Nous encourageons les nouveaux arrivants, mais nous sommes un pays de loi, a-t-il assuré. Vous devez suivre les règles et il y en a beaucoup.» 

Ces affirmations font suite à l'annonce, il y a quelques jours, de l'envoi du député fédéral Emmanuel Dubourg à Miami pour tenter de ralentir le flot de migrants arrivant au Canada, notamment en informant la diaspora haïtienne des mythes et réalités concernant les politiques canadiennes. 

Beaucoup de migrants pensent notamment qu'il leur sera plus facile d'être accueillis au Canada s'ils emploient des moyens irréguliers pour passer la frontière. «C'est un des mythes qu'il faudra clarifier là-bas», a indiqué M. Trudeau, assurant que ces nouvelles initiatives ne sont pas du «rattrapage», mais simplement de nouvelles mesures pour gérer le flux d'arrivants, tout en «[conservant] l'intégrité du système d'immigration canadien.»

«Environ un tiers de ces personnes sont des enfants», a affirmé la ministre de l'Immigration Kathleen Weil, après le point de presse de Justin Trudeau. 

Celle-ci affirme également que des moyens concrets sont mis en place pour intégrer ces mineurs au système d'éducation. Pour les enfants dans les camps de réfugiés, on parle «d'ateliers, qui pourraient inclure des cours de français», par exemple. Il est aussi question de leur donner accès aux salles de classe, en collaboration avec les commissions scolaires, dont celle de Montréal, qui se dit «prête» à accueillir ces nouveaux élèves, selon Mme Weil.

- Avec La Presse canadienne