Le moment est venu d'interdire «à quiconque de se cacher le visage dans l'espace public», soutient le maire de Québec, Régis Labeaume. Cela vaut autant pour le niqab et la burqa que pour les cagoules des «casseurs» qui ont manifesté à Québec dimanche.

«Ils ont voté en France (une telle loi), c'est compliqué à appliquer, on le sait. Mais je pense qu'on est rendu là», a-t-il affirmé lundi lors d'un point de presse à l'hôtel de ville.

«Les gens étaient dégoûtés des cagoulards d'hier, comme ils sont dégoûtés quand ils voient une femme avec le niqab et la burqa. (...) On ne devrait pas avoir le visage voilé dans l'espace public en général. Burqa, cagoule, pour moi, c'est pareil», a-t-il ajouté.

Le maire a lui-même mis le sujet sur la table. Il a avisé les journalistes qu'il tenait à faire des commentaires sur le projet de loi 62 du gouvernement Couillard sur la neutralité religieuse de l'État. Rappelons que la ministre Stéphanie Vallée l'a amendé pour que les villes y soient assujetties. Le projet de loi prévoit que les services publics doivent être donnés et reçus à visage découvert. Mais un amendement serait possible en autant que certains critères soient respectés. Cette disposition «va causer beaucoup de problèmes», selon lui.

«La loi 62, on n'est pas contre. Mais on va être pris» à mettre en application des accommodements au sujet de la clause du «visage découvert». Il craint que les villes ne soient confrontées à des contestations devant les tribunaux si elles refusent un accommodement.

Il en vient ainsi à demander le visage découvert dans tout l'espace public. Il en a avisé le bureau du premier ministre Couillard lundi midi.

«Le visage caché dans l'espace public, ça ne devrait pas exister. Je suis d'accord avec la loi française là-dessus. Et la Déclaration des droits de l'homme, je pense que ça a été rédigée en France, ils ne sont quand même pas bêtes. Vous allez dire: "la Constitution (canadienne) ne le permet pas". Pas sûr. Est-ce qu'on peut utiliser la clause nonobstant? Ce n'est pas clair.»

M. Labeaume a également commenté les débordements de dimanche. «Je dirai à tous ces groupes, La Meute, la gang de Jaggi Singh: Allez vous faire voir ailleurs! On ne veut pas vous voir à Québec. Vous nous coûtez cher, vous portez atteinte à la réputation de la ville», a-t-il lancé. Le temps supplémentaire des policiers représente une facture de 75 000 $ selon lui. Il a dit vouloir maintenir Québec comme «la ville la plus sécuritaire au pays».

Selon le SPVQ, Québec a été visité par «la crème des casseurs», a-t-il ajouté. Ils étaient «au moins 80», «tous de Montréal», «arrivés par autobus».

«Il faut absolument condamner le comportement tellement crétin des casseurs et des provocateurs de la bande de Jaggi Singh pour qui la violence est un moyen d'expression légitime, ce qui est à mon sens est crétin», a-t-il affirmé.

Il a observé que «La Meute s'est bien comportée» et a collaboré avec les policiers. «Je ne les condamne pas (...) mais tout groupe organisé dont le message est ambigu, dont des membres s'acoquinent avec des groupes néofascistes américains, ça m'inquiète.»

Il se dit «méfiant» à leur égard. «Quand tu as l'allure d'une milice privée à l'américaine, essaie pas de faire croire aux gens que tu fais du scoutisme!»

Il a salué «le travail exemplaire» du SPVQ.