La remise en état des ponts, ponceaux et autres structures endommagés par les crues et les inondations d'avril et mai derniers a coûté à ce jour 42 millions au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET), a appris La Presse.

Selon une porte-parole du Ministère, Sarah Bensadoun, une centaine de ponts et de ponceaux ont subi des dommages très divers, allant de la simple chaussée décollée jusqu'à l'affaissement complet d'un pilier, comme à Cascapédia-Saint-Jules, sur la route 132, où l'un des plus grands ponts de la Gaspésie est complètement fermé depuis plus d'un mois.

À ce jour, 75 % des ouvrages endommagés ont été réparés ou remplacés. Les quelque 25 structures restantes sont en majorité déjà en chantier. Dans quelques cas, les structures sont encore en évaluation. La facture globale, qui est actuellement de 42 millions, devrait donc augmenter de manière « conséquente », a indiqué Mme Bensadoun.

« Les ponts qui restent à réparer, dit la porte-parole, sont en général ceux qui ont été les plus endommagés. »

Selon le ministère de la Sécurité publique du Québec, entre le 5 avril et le 16 mai, 261 municipalités situées dans 15 régions administratives ont été touchées à divers degrés par les crues subites et les débordements de nombreux cours d'eau, de l'Outaouais jusqu'en Gaspésie ; 5371 résidences principales ont été inondées et plus de 4000 personnes ont dû être évacuées.

DES CONSÉQUENCES ENCORE VISIBLES

Sur le réseau provincial, près de 400 routes et une centaine de structures routières ont été endommagées par les eaux. Dans certains cas, les conséquences sont encore bien visibles.

Dans le petit village de Cascapédia-Saint-Jules, situé entre New Richmond et Maria, les dommages se sont produits un peu plus tard qu'ailleurs. Dans la nuit du 7 au 8 mai, le débit de la rivière Cascapédia a frôlé les 1000 mètres cubes à la seconde. Le puissant courant et des glaces en débâcle ont durement éprouvé le pont de Cascapédia, à tel point qu'une de ses piles s'est enfoncée. Au-dessus, deux des travées du pont, construit en 1961, sont partiellement affaissées et pèsent sur la tête de la pile brisée.

La fermeture du pont, sur la route 132, coupe la baie des Chaleurs en deux. Le pont, qu'on appelle aussi le pont de New Richmond, recevait en moyenne 6400 véhicules par jour avant sa fermeture, dont près de 400 camions. Depuis plus d'un mois, ces milliers d'automobilistes doivent emprunter une déviation de 11 kilomètres, sur des chemins secondaires, pour passer d'un côté à l'autre de la rivière. Et cette situation pourrait durer encore un bout de temps.

Peu après la fermeture, des ambulanciers ont rapporté que la déviation, qui prenait de 25 à 40 minutes en raison du mauvais état de la route, avait failli coûter la vie à une femme en train d'accoucher, et qui saignait abondamment (l'histoire s'est bien terminée). Depuis, la route a été réasphaltée, des carrefours ont été élargis. Et une ambulance est postée en permanence de chaque côté de la rivière.

Le MTMDET ne sait pas encore ce qu'il fera du pont de Cascapédia. Des semaines après l'enfoncement de la pile, le courant demeurait trop élevé pour réaliser une inspection sous-marine, nécessaire pour que les inspecteurs puissent s'aventurer sur le pont, ou en dessous, sans risque pour leur sécurité. Le Ministère a reçu les rapports d'inspection préliminaires seulement la semaine dernière.

Photo Patrick Sanfaçon, Archives La Presse

Au début du mois d'avril, une partie de l'autoroute s'est affaissée après qu'un « coup d'eau » eut emporté un ponceau défectueux à hauteur de Saint-Roch-Ouest. Deux mois plus tard, l'autoroute 25 est toujours complètement fermée à la circulation entre les kilomètres 44 et 45.

La facture pourrait être salée, car le pont de la rivière Cascapédia est une imposante structure. À 329 mètres, sa longueur est comparable à celle du pont Lachapelle, à Laval, ou du pont Le Gardeur, à Repentigny. Sa reconstruction ferait plus que doubler, à elle seule, les coûts liés aux inondations printanières.

CHANTIERS D'URGENCE

Dans la région de Lanaudière, au nord-est de la métropole, des milliers d'automobilistes qui empruntent l'autoroute 25 en direction de Montréal chaque matin vivent encore, eux aussi, avec les contrecoups des pluies abondantes.

Au début du mois d'avril, une partie de l'autoroute s'est affaissée après qu'un « coup d'eau » eut emporté un ponceau défectueux à hauteur de Saint-Roch-Ouest. Deux mois plus tard, l'autoroute 25 est toujours complètement fermée à la circulation entre les kilomètres 44 et 45.

Les ponceaux sont des éléments vulnérables du réseau routier en cas d'inondation. Il s'agit de conduites en fer, en béton ou en plastique enfouies sous la chaussée, qui permettent l'écoulement normal d'un ruisseau ou d'un fossé de drainage sous les voies de circulation. En cas de coups d'eau, ils peuvent être rapidement obstrués par des débris ou des branches, ce qui favorise des accumulations d'eau importantes sur les remblais de la route, qui en rongent la fondation.

À Saint-Roch-Ouest, au départ, le MTMDET estimait que des travaux de 2,8 millions seraient nécessaires pour remplacer le ponceau et réparer les dommages aux chaussées. L'autoroute devait rouvrir à la circulation le week-end prochain.

Après des semaines de relevés et d'étude, des changements majeurs ont toutefois été apportés à la conception du ponceau, et des travaux beaucoup plus importants que prévu sont en cours. On prévoit maintenant que l'autoroute 25 rouvrira à la circulation dans la troisième semaine de juillet.

Les travaux devraient coûter 5,9 millions, plus de deux fois l'estimation d'origine.