Après des mois d'augmentation, le nombre de personnes qui entrent illégalement au Québec depuis les États-Unis afin de pouvoir faire une demande de statut de réfugié au Canada a diminué en mai.

Les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont intercepté 576 personnes à la frontière du Québec durant le mois de mai, principalement sur le chemin Roxham, en Montérégie. Il s'agit d'une baisse de 14% par rapport au mois précédent.

Le nombre de dossiers de demandeurs d'asile traités par l'Agence des services frontaliers du Canada au Québec a lui aussi diminué, passant de 545 en avril à 275 en mai.

«Si l'on situe ces chiffres dans un contexte global, ce que l'on voit au Canada est assez minime, explique Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés. En Allemagne, ils ont reçu près de 1 million de demandeurs d'asile en un an.»

Mme Dench rappelle que les gens qui posent le pied illégalement au Canada afin d'être arrêtés par la GRC ne seraient pas entendus par les autorités canadiennes s'ils se présentaient aux postes-frontières. 

«[Les demandeurs d'asile qui se présentent aux postes-frontières] seraient aussitôt renvoyés aux États-Unis, et perdraient à tout jamais le droit de faire une demande au Canada.»

Stéphane Handfield, avocat en immigration, estime que la diminution de 14% en un mois est importante. «Qu'est-ce qui a pu causer cela? Certaines personnes qui ont fait une demande d'asile au Canada avaient des choses comme une carte verte aux États-Unis, et n'ont donc pu obtenir le statut de réfugié. Peut-être que l'information commence à circuler et que les gens y pensent à deux fois avant de se rendre au Canada?», dit-il.

Lors d'un passage de La Presse sur le chemin Roxham, le 31 mai, les arrivées étaient fréquentes, mais moins que durant l'hiver, où un sentiment d'urgence était palpable jour après jour, malgré le froid.

À l'aube, deux hommes d'une trentaine d'années, dont l'un a dit être originaire du Yémen, sont arrivés en taxi et ont vite passé la frontière, valises en main, pour se mettre à la disposition des policiers.

Vers 9 h 30, un couple avec un petit garçon d'environ 4 ans est arrivé avec des sacs et des valises. La famille était originaire de Colombie. Un autre homme est aussi passé, mais nous n'avons pas pu connaître son pays d'origine.

Plus tard, une famille originaire de Djibouti, avec deux jeunes enfants, est arrivée et a aussi été prise en charge par les policiers.

Décret de Trump

La vague d'arrivées durant la fin de l'hiver et le début du printemps coïncide avec l'annonce surprise et très médiatisée du décret anti-immigration du président Donald Trump. Plusieurs personnes fuyant les États-Unis interrogées par La Presse à cette époque citaient les politiques de Trump comme principale motivation de leur déplacement vers le Canada.

Le nombre d'arrivées reste élevé par rapport à la période précédant le décret. La GRC a recensé 245 arrivées clandestines à la frontière entre le Québec et les États-Unis en janvier, avant l'annonce du décret du président Trump.

À Buffalo, le centre Vive, qui s'occupe de l'accueil de personnes demandant le statut de réfugié au Canada, a lui aussi vu son achalandage exploser après la signature par Donald Trump de son controversé décret sur l'immigration, le 27 janvier.

«Presque instantanément [après le décret migratoire], les gens se sont mis à arriver chez nous. Nous n'avions pas prévu cela», dit Anna Ireland, directrice des programmes du centre Vive.

En avril et en mai, l'achalandage était revenu à des niveaux plus habituels au centre Vive.

Au Manitoba, autre lieu de passage populaire auprès des gens voulant demander l'asile, le nombre d'arrivées clandestines a aussi diminué. La GRC y a intercepté 106 personnes en mai, contre 146 le mois précédent.

Les personnes arrêtées à la frontière du Québec par la GRC sont emmenées au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, où elles sont reçues par l'Agence des services frontaliers du Canada. C'est à ce moment qu'elles font une demande de statut de réfugié. Les gens sont interrogés et remplissent les formulaires nécessaires, ce qui peut prendre plusieurs heures, voire la journée. Les gens prennent généralement ensuite un autocar pour se rendre à Montréal, avec en poche l'adresse de services d'hébergement de courte durée. Ils doivent se présenter devant un juge de la citoyenneté à une date ultérieure.