Un enquêteur de la Sûreté du Québec affirme que les fuites médiatiques ont poussé l'ex-président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) Michel Arsenault à aller d'urgence chercher un prêt à la banque pour financer les rénovations de sa maison.

Selon Patrick Bélanger, qui a oeuvré au sein de l'enquête Diligence qui s'est penchée sur l'infiltration du crime organisé dans l'économie légale, les rénovations exécutées chez Michel Arsenault « semblaient gratuites », aux yeux de la SQ. Mais des « éléments diffusés dans les médias » ont mené à des destructions de preuves chez certains « sujets ciblés » dans le cadre de cette enquête, a-t-il dit devant la commission Chamberland.

Il a cité en guise d'exemple les rénovations exécutées à la résidence de Michel Arsenault. « Visiblement, il y avait probablement une contrepartie. Mais il s'est régularisé de par les reportages qui sont sortis », a déclaré l'inspecteur-chef.

Il a relaté une conversation téléphonique entre Michel Arsenault et sa femme qui a été interceptée. Le président de la FTQ avait été placé sous écoute électronique par la SQ.

« Il a dit : "J'aimerais que tu te prépares, on va passer dans une institution financière contracter un prêt." Et là, elle ne comprenait pas : "Me semble que... - Ne parle plus, s'il vous plaît, on s'en va à l'institution financière et on va contracter un prêt" », a relaté Patrick Bélanger.

DES MÉTHODES « À LA MUSSOLINI »

Michel Arsenault a toujours soutenu que les rénovations de près de 100 000 $ faites à sa résidence personnelle en 2009 avaient été payées en totalité par sa femme et lui. À l'époque, les journalistes avaient commencé à enquêter et à diffuser des informations sur son voyage en bateau avec Tony Accurso.

« Ce sont des éléments comme ça qui nous ont fait comprendre que les sorties médiatiques ne nous permettaient pas, et ne nous permettraient assurément pas, de contracter la preuve qu'on souhaitait avec les objectifs souhaités », a déclaré l'enquêteur de la SQ lorsqu'on lui a demandé quel impact avaient eu les fuites dans l'enquête Diligence.

Michel Arsenault a témoigné vendredi dernier devant la même Commission. Il a estimé que les fuites médiatiques dont ses écoutes électroniques avaient fait l'objet étaient des « méthodes à la Mussolini et le KGB ».

« C'était rendu insoutenable pour moi et ma famille. On me reliait au crime organisé, on disait que j'étais en charge du plus gros réseau de blanchiment d'argent au Québec. On a sali allègrement ma réputation », avait également dit Michel Arsenault.