C'est au restaurant Liverpool House, rue Notre-Dame Ouest, dans la Petite-Bourgogne, que Barack Obama est allé manger avec le premier ministre Justin Trudeau, après avoir prononcé son discours à la Chambre de commerce, mardi. Là, le chef David McMillan et son équipe lui ont fait goûter aux vins canadiens de Norman Hardie, aux morilles, à la côte de boeuf, aux fruits de mer du Québec...

Les deux hommes, qui se sont liés d'amitié depuis l'élection de Trudeau, sont arrivés à 19h précises, a expliqué le chef McMillan en entrevue téléphonique. Et à 22h30, ils étaient encore assis là, avec trois aides de M. Trudeau, à placoter et à manger leurs desserts, du shortcake aux fraises du Québec et des profiteroles.

«Justin Trudeau vient au Liverpool House depuis son ouverture», a raconté M. McMillan, qui cuisinait déjà pour le premier ministre bien avant qu'il ne soit élu, quand il travaillait au Globe, sur le boulevard Saint-Laurent. En fait, M. McMillan a même déjà cuisiné pour Pierre Elliott, le père de Justin, premier ministre à une autre époque et apparemment amateur de salade au vinaigre de framboise.

Donc, quand le bureau du premier ministre a appelé le restaurant vendredi afin de réserver une table pour mardi soir, personne n'a été surpris. Ce qui a mis la puce à l'oreille de l'équipe, c'est le coup de fil des services secrets américains, dimanche... Puis la police, dès mardi matin, dans les rues avoisinantes. «Disons qu'on a fait deux plus deux», a raconté le chef, qui n'était donc plus très surpris quand le bureau du premier ministre a finalement confirmé la visite d'Obama à 15h, mardi après-midi.

M. McMillan était-il nerveux de cuisiner pour ce président dont il dit être un fan géant? «Non, j'étais très content, mais nerveux, pas trop, j'ai quand même déjà servi Mick Jagger et Benyamin Nétanyahou et d'autres personnes importantes», a-t-il expliqué. Et le menu servi faisait partie des classiques éprouvés du restaurant.

Donc, qu'est-ce que Barack et Justin ont mangé? Surtout des produits du Québec ou canadiens. Par exemple : des huîtres et un plateau de fruits de mer, des asperges, du flétan aux morilles, du spaghetti au homard, une côte de boeuf nature du Québec, le tout arrosé de chardonnay et de pinot noir de Norman Hardie, producteur de Prince Edward County, en Ontario, à mi-chemin entre Montréal et Toronto.

Selon M. McMillan, il devait bien y avoir 80 agents de sécurité pour surveiller les lieux. Et des policiers, car quand la nouvelle de cette visite au resto a commencé à s'ébruiter vers 19h, une foule de plusieurs centaines de personnes a commencé à s'amasser à l'extérieur de l'établissement.

Pendant ce temps, le restaurant était plein de clients comme d'habitude, avec de la musique, de la lumière tamisée et son atmosphère enjouée typique.

«Tous ceux qui avaient une réservation ont pu entrer, escortés», a expliqué le copropriétaire. «On s'est excusés de tout ça, des barricades, etc., mais tout le monde avait l'air ravi de partager une soirée dans le même restaurant que Barack Obama et Justin Trudeau.»

Pendant, ce temps, à l'extérieur, les fans attendaient en face et autour du Liverpool House, pour tenter d'entrevoir M. Obama à sortie du restaurant. À chaque passage d'un autobus ou d'un camion, la foule se mettait à huer, craignant d'avoir la vue obstruée au moment tant attendu.

«On a la chance de voir Barack Obama une fois dans notre vie, on ne va pas manquer ça», a dit Nathalie Garon, qui a fait le pied de grue pendant plus de deux heures avec son fils Félix. Ils se rendaient au restaurant, mais n'ont pas hésité à retarder leur repas.

À sa sortie du restaurant, le président Obama, accompagné de Justin Trudeau, a été ovationné. Après avoir donné l'accolade au premier ministre, il a envoyé la main à ses admirateurs, qui ne l'ont finalement aperçu que pendant une trentaine de secondes.

- Avec Isabelle Ducas, La Presse