L'eau a connu une crue soudaine d'une soixantaine de centimètres, à Pierrefonds, au beau milieu de la nuit de dimanche à lundi. Près du boulevard Lalande, une seconde digue a cédé, à quelques kilomètres d'où s'était déroulé une scène identique la nuit précédente. Cette fois encore, tous ont uni leurs efforts pour endiguer l'inondation. Bilan d'une autre journée qui, selon les prévisions, devrait marquer le point tournant de ces inondations sans précédent.

Le bilan a continué de s'alourdir, lundi, alors que le nombre de sinistrés est passé à 1940 au Québec. Pas moins de 2733 résidences étaient inondées, en soirée, et le nombre de villes ou municipalités touchées par la crue des eaux était passé à 171.

Finalement, 486 routes étaient inondées ou affectées par les inondations lors du bilan de fin de journée. La municipalité de Deux-Montagnes s'est ajoutée à la liste de celles ayant décrété l'état d'urgence, et Montréal a prolongé son décret à cinq jours.

Du renfort de l'armée

Le nombre de militaires sur le terrain a augmenté à 1600. Les équipes sont toujours réparties dans quatre grands pôles - Trois-Rivières, Montréal/Laval, Rigaud et Gatineau - et sont affectées selon les besoins les plus urgents. Au moins 600 soldats étaient dédiés à la grande région de Montréal, lundi.

Pour recevoir l'aide des Forces armées canadiennes, les municipalités doivent faire une demande à la Sécurité civile du Québec, qui établit ensuite la liste des priorités. «On doit aller là où on nous l'indique. Alors, si quelqu'un nous arrête en chemin parce qu'il a besoin de notre aide, on ne peut malheureusement pas intervenir. La demande doit passer par la sécurité civile», explique le capitaine Pierre Leblanc, porte-parole des Forces armées canadiennes.

Le pire est passé

L'apogée des précipitations aurait été atteint lundi, selon les prévisions des experts. À partir de mardi, les précipitations et, par le fait même, les niveaux de l'eau devraient diminuer. Selon les prévisions du Centre d'expertise hydrique du Québec, le débit des principaux plans d'eau problématiques sera à la baisse pour les prochains jours. 

«On est en stabilisation. On atteint les niveaux maximum, s'est réjoui Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique. On ne s'attend pas à ce que ça se détériore davantage.» Mais le retour à la normale pourrait être très long, a précisé le ministre, qui préfère parler d'«amélioration graduelle».

«On est dans une situation qui va durer quelques semaines», a-t-il ajouté. Par exemple, le débit enregistré lundi matin sur la rivière des Outaouais à la hauteur du barrage de Carillon était de 8900 m3/seconde et devait se situer à 8600 m3/seconde mardi matin, puis à 8500m/seconde, mercredi.

Perturbations du réseau routier

La fermeture complète du pont Galipeault est maintenue jusqu'à nouvel ordre. La fermeture de l'autoroute 20 entre L'Île-Perrot et Sainte-Anne-de-Bellevue est requise à cause du niveau exceptionnel des eaux dans le secteur. De ce fait, l'Agence métropolitaine de transport offre le service gratuitement sur les lignes de train de Deux-Montagnes et de Vaudreuil-Hudson encore mardi.

Le péage sur l'autoroute 30 est également suspendu jusqu'à minuit mardi soir. Dans le Bas-Saint-Laurent, le MTQ a également procédé à la fermeture de deux sections de la route 132 à New Richmond et à Cascapédia.

Une collecte de la Croix-Rouge

La Croix-Rouge du Québec a annoncé la mise sur pied d'une collecte de fonds pour aider les sinistrés des inondations à se rétablir, une fois la crue passée. Le gouvernement du Québec a versé 500 000 $ dans l'enveloppe et assumera les frais d'administration du fonds.

«Les besoins qui pourront être couverts par le fonds comprennent l'hébergement, l'alimentation, des réparations de base pour les résidences, des besoins pour les enfants et des services personnels», a indiqué Pascal Mathieu, de la Croix-Rouge.

Par ailleurs, la Ville de Montréal entend faire un don de 250 000 $ au fonds de secours pour les inondations printanières de la Société canadienne de la Croix-Rouge. 

- Avec Philippe Teiscera-Lessard, La Presse