La saignée au sein du parti Action Longueuil se poursuit à quelques heures de la séance du conseil municipal que d'aucuns prédisent houleuse. Après l'annonce du départ de huit conseillers municipaux dénonçant les façons de faire de la mairesse Caroline St-Hilaire, la présidente du parti a également remis sa démission à cause de «pratiques indignes», a appris La Presse.

Lyette Bouchard a transmis sa lettre de démission à la nouvelle chef élue dimanche dernier dans la controverse, la conseillère municipale Sylvie Parent. Mme Bouchard dénonce les «pressions indues» de Mme St-Hilaire et de sa directrice de cabinet, Josée Beaudin, alors qu'elle agissait comme présidente de l'élection à la chefferie d'Action Longueuil.

«À plusieurs reprises lors de la campagne, [Mmes St-Hilaire et Beaudin] ont tenté de m'instrumentaliser», écrit-elle avant de préciser avoir agi malgré tout dans la «plus grande neutralité» comme le requiert la fonction qu'elle occupait.

Pour Mme Bouchard, cette attitude va à l'encontre de l'éthique et de la démocratie. Un autre membre de l'exécutif d'Action Longueuil, Jake Meszaros, a emprunté la même voie. M. Meszoros a également claqué la porte aujourd'hui. Il a souligné à La Presse qu'il y avait des tensions et des pressions au sein de l'exécutif. 

Ces événements font suite au départ plus tôt jeudi, de Josée Latendresse, la candidate défaite à la succession de Mme St-Hilaire à la tête d'Action Longueuil. Mme Latendresse a perdu son pari aux mains de la dauphine de la mairesse, Sylvie Parent, qui a obtenu 53 % des votes des membres présents à l'assemblée de dimanche.

Mme Latendresse et les sept élus du caucus d'Action Longueuil, qui l'appuyaient, ont décidé de siéger dorénavant comme indépendants. Il s'agit de Nathalie Boisclair, Sylvain Joly, Jacques Poitras, Benoît L'Écuyer, Michel Lanctôt, Xavier Léger et Stéphane Richer.

Du coup, la mairesse St-Hilaire est en situation minoritaire. Face à cette situation périlleuse, elle a fait parvenir en fin d'après-midi, une note à tous les membres du conseil municipal leur annonçant une nouvelle ouverture afin de faire circuler l'information. «Afin de favoriser les échanges et la transparence dans les dossiers traités lors des [assemblée du conseil], j'ai demandé à la direction générale d'organiser une rencontre-plénière à tous les lundis précédents nos séances de conseil», écrit la mairesse.

Vendredi dernier, cette dernière avait pourtant donné instruction au greffe de la Ville de prévenir les élus (sauf les membres du comité exécutif qui soutenaient tous, par ailleurs, Mme Parent) que dorénavant ils n'auraient plus accès aux bureaux du cabinet. Josée Latendresse et son équipe ont vivement dénoncé cette situation.

Au cabinet de Mme St-Hilaire, son attachée de presse, Alexandra Bélisle, se bornait à dire que le geste était fait «pour des raisons évidentes», c'est-à-dire que les membres de l'exécutif devaient continuer à prendre d'importantes décisions malgré la campagne à la chefferie.

Vingt-quatre heures plus tôt, Mme St-Hilaire avait mis le feu aux poudres dans le camp adverse de sa protégée en s'immisçant dans la campagne après avoir promis de rester neutre. Dans une lettre qu'elle a fait parvenir aux membres du parti, elle dénonçait Mme Latendresse qui avait «utilisé à maintes reprises, sans mon consentement, mon image tout au long de sa campagne. [...] Elle a tenté de vous induire en erreur et de vous cacher de l'information et pour plusieurs autres raisons, non, je n'appuie pas la candidate Latendresse».

Mme St-Hilaire ajoutait dans sa missive que Mme Latendresse «s'inscrit en complète rupture avec les valeurs que sont l'éthique, la loyauté et l'intégrité, que j'ai défendues tout au long de ma carrière politique».

Selon Josée Latendresse, son ancienne chef  qui l'a convaincue de se lancer en politique municipale l'année dernière, avait posé une série de gestes «extrêmement divisifs». «Nous ne nous associons pas à ce style de leadership», a indiqué Mme Latendresse en point de presse.