Le directeur général de la Sûreté du Québec (SQ) Martin Prud'homme nie catégoriquement être parti en vacances à la Barbade pendant une semaine le lendemain de la tempête du 14 mars dernier, comme l'a affirmé mardi soir Radio-Canada. «Je n'ai jamais été à la Barbade!», a-t-il martelé en entrevue avec La Presse en fin de soirée.

Le grand patron de la SQ se «pose de sérieuses questions» sur l'origine de telles informations et appelle la société d'État à «faire ses devoirs» en matière de vérification de faits.

Mardi, Radio-Canada a soutenu que Martin Prud'homme était rentré au pays le 22 mars après avoir pris une semaine de vacances à la Barbade, une île des Caraïbes. Or, Martin Prud'homme assure au contraire être resté travailler à Montréal toute la semaine qui a suivi le cafouillage de l'autoroute 13, alors que 300 personnes sont restées prises au piège dans la tempête pendant des heures. 

«Je n'ai pas été en vacances, j'ai suspendu un officier la journée du 15 mars. J'étais là toute la semaine. C'est complètement faux, j'étais ici avec mes gens. J'ai quitté en vacances le 21 mars», a-t-il spécifié.

D'autre part, Radio-Canada a avancé que Sylvain Caron, l'adjoint du directeur chargé de la surveillance du territoire assistait à une fête de retraite le soir de la tempête.

Le directeur Prud'homme nie également que son bras droit ait participé à une soirée de retraite ce soir-là. «M. Caron était ici avec moi cette journée-là. Il a quitté en soirée autour de 18h30. Il a travaillé. Le lendemain, il était au bureau. On fait référence à une soirée de départ à Nicolet, mais il n'est jamais allé là. Il a couché à Montréal», a-t-il maintenu. 

Pas de double emploi, dit Prud'homme

D'autre part, Radio-Canada a rapporté que le directeur de la SQ avait exploité une entreprise de transport et de déneigement de 2003 à 2015, alors qu'il était cadre de la SQ, puis sous-ministre au ministère de la Sécurité publique. Martin Prud'homme est devenu directeur général de la SQ en 2014. 

Martin Prud'homme confirme avoir créé une entreprise de déneigement en 2003, mais dément avoir eu un double emploi pendant douze ans. Il soutient avoir créé cette entreprise uniquement pour son père et maintient ne jamais l'avoir géré. «Pour l'aider, je lui ai acheté un tracteur de ferme usagé. J'ai ouvert la compagnie pour lui. Il a commencé avec 10 voisins. À la fin, il avait une quarantaine de voisins. La compagnie a fonctionné pendant environ quatre ans, jusqu'en 2007 ou 2008. Je l'ai aidé quelques fois par plaisir père-fils, dans le temps de Noël, mais je n'ai jamais opéré ça», a-t-il expliqué.

Puis, en 2012, alors sous-ministre, Martin Prud'homme a réanimé l'entreprise sous un autre nom en vue de planifier sa retraite. «Je voulais m'inscrire dans une formation et je cherchais un hobby. Je voulais être en règle. Je voulais respecter la Loi des impôts, le registre des entreprises. Mais je n'ai jamais rien fait avec ça, je n'ai pas eu d'entreprise, je n'ai pas eu d'employés. Je n'ai rien acheté. Je suis resté sous-ministre, puis directeur [de la SQ]», dit-il. 

D'ailleurs, Martin Prud'homme estime que les officiers de la SQ ne devraient pas occuper un emploi à temps plein dans un autre domaine. «Je veux que mes officiers soient disponibles. Ils ne peuvent pas être disponibles s'ils ont un autre emploi dans d'autres choses. C'est impossible. Ça ne fonctionne pas. Je ne suis pas d'accord avec ça», a maintenu le directeur de la SQ. 

Aucune règle n'interdit à un cadre de la SQ d'occuper un emploi à l'extérieur de ses fonctions. Or, la légitimité de ces doubles emplois chez les officiers de la SQ a été remise en question par le ministre Coiteux la semaine dernière. Le capitaine Michel Lapointe, le responsable de l'intervention sur l'autoroute 13, s'était rendu chez le notaire pendant la tempête de mars dernier pour son travail de courtier immobilier et de propriétaire de parc immobilier locatif, avait révélé La Presse. Il a depuis été relevé de ses fonctions pendant la durée d'une enquête interne. 

Le ministre Coiteux s'était ainsi montré favorable à changer la Loi sur la police pour interdire cette pratique. «Les gradés de la police qui ont un travail extrêmement exigeant à faire doivent avoir toute l'attention nécessaire pour le faire. Donc moi, je me pose des questions. La haute direction de la SQ se pose des questions puisqu'elle révise ses pratiques et moi, je m'attends à ce qu'elle fasse ça», avait déclaré le ministre Coiteux.

Martin Prud'homme se dit en accord avec la démarche de révision de la loi entamée par le ministre.