Le groupe Renault proposera une gamme de véhicules diesel moins large à l'avenir. Pourquoi ? Le resserrement des normes environnementales va renchérir le prix des moteurs diesel et modifier le comportement des consommateurs, a déclaré ce matin le pdg de Renault, Carlos Ghosn.

Alors que l'affaire du «Dieselgate» en France s'est encore étendue jeudi --son concurrent Peugeot-Citroën est aussi visé par une enquête-- M. Ghosn a indiqué que «c'est évident, on va avoir une offre diesel plus réduite», lors d'une conférence de presse de présentation des résultats annuels de son entreprise.

«Les restrictions en matière d'émissions nous obligent à nous concentrer sur un plus petit nombre de moteurs, sinon les investissements sont colossaux», a-t-il d'abord expliqué, alors que de nouvelles normes européennes plus sévères doivent entrer en vigueur cette année.

«Nous anticipons une baisse des pourcentages de diesel» dans les ventes, a-t-il ajouté, relevant que moins de la moitié des voitures neuves livrées en janvier en France roulaient au gazole, un niveau plus vu depuis l'an 2000.

Fin du favoritisme fiscal

Cette érosion s'effectue sur fond d'études quant à la nocivité des émissions de diesel et de resserrement des taxes après des années de favoritisme fiscal, l'un des déclencheurs ayant été le scandale des moteurs truqués chez Volkswagen en 2015.

Cette affaire a fait tache d'huile en France où les deux constructeurs nationaux ainsi que Fiat Chrysler (FCA), outre Volkswagen, risquent des poursuites pour tromperie.

A ce sujet, M. Ghosn a répété «qu'il n'y a pas de triche chez Renault, il y a des améliorations à amener en matière d'émissions dans des conditions réelles d'utilisation (que) nous nous sommes engagés à faire».

M. Ghosn a justifié le fait que son entreprise n'ait pas passé de provisions dans ses comptes 2016 pour faire face aux éventuelles conséquences financières de l'affaire.

Si Renault n'a pas accès au dossier, «on sait ce qu'on a dans nos moteurs. Et quand on regarde ce qu'il y a dans nos moteurs, on n'a pas besoin de passer des provisions», a-t-il assuré.

Jeudi soir, les enquêteurs en répression des fraudes ont indiqué avoir transmis au Parquet les conclusions de son enquête concernant le groupe concurrent PSA (marques Peugeot, Citroën et DS).

Ce dernier groupe s'est dit «surpris» et a affirmé n'avoir «jamais trompé personne, ni les autorités, ni ses clients, et nos voitures sont parfaitement conformes à la réglementation».

Douze constructeurs visés par des enquêtes

La transmission de ce dossier «s'inscrit dans le cadre plus large d'une enquête sur les pratiques relatives aux émissions d'oxydes d'azote d'une douzaine de constructeurs automobiles commercialisant des véhicules diesel en France», a rappelé une agence anti-fraude du gouvernement français. Cette enquête est alimentée en partie par les conclusions d'une commission d'experts indépendants mise en place par le gouvernement français après le scandale Volkswagen.

La ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait indiqué que le but de la commission était de «faire toute la transparence sur les pratiques de l'industrie automobile et restaurer la confiance des consommateurs».

C'est tout le contraire qui a eu lieu, a déploré jeudi soir le patron de FCA, Sergio Marchionne. «La question Volkswagen a soulevé un problème qu'historiquement il n'y avait jamais eu et maintenant nous en payons les conséquences», a-t-il déclaré en marge du 150e anniversaire du quotidien La Stampa, à Turin.

«Les règles mal faites, qui sont ensuite interprétées d'une manière différente dans chaque pays, sont la solution la plus mauvaise qui pouvait être inventée», a-t-il lancé.