Nommée en septembre pour présider le Conseil du statut de la femme, Eva Ottawa n'a pas démontré l'assiduité nécessaire pour assurer pleinement ses fonctions. C'est pourquoi elle a quitté son poste quatre mois seulement après avoir été choisie par le gouvernement Couillard.

Selon les informations colligées par La Presse, Mme Ottawa ne s'était pas présentée au bureau depuis deux semaines sans en prévenir ses employées. La coupe a débordé quand elle s'est désistée, à quatre heures d'avis, avant de témoigner à la commission parlementaire chargée de se pencher sur la Régie des rentes.

Le président de la commission, le député Raymond Bernier, irrité par ce geste sans précédent, a réclamé par courriel les raisons de cette absence, a-t-on appris.

Depuis sa nomination, ses passages au bureau de Québec étaient brefs et rares. Elle venait trois jours par semaine, et contrairement à sa prédecesseure Julie Miville-Dechêne, qui occupait la fonction avant elle, Mme Ottawa ne défendait pas les dossiers du Conseil du statut de la femme quand elle n'était pas au bureau.

Dans un courriel qu'elle a fait parvenir aux employés hier, elle n'explique pas les raisons de son départ, mais souligne que sa priorité a toujours été le sort réservé aux femmes autochtones.

DÉCEPTION

Pour Viviane Michel, présidente des Femmes autochtones du Québec, ce départ précipité est une déception pour la communauté.

Les enjeux pour les femmes en général au Québec sont fort différents des problèmes propres aux autochtones, souligne-t-elle. Les femmes autochtones « se posent des questions et sont déçues. Pour une rare fois, elles s'estimaient écoutées, elles recevaient des explications pour les compressions qu'elles devaient vivre ».

L'arrivée de Mme Ottawa, une surprise l'automne dernier, s'explique, selon elle. Québec voulait confier le poste à une autochtone - les problèmes de la Sûreté du Québec à Val-d'Or et le débat pancanadien sur la violence à l'endroit des femmes autochtones faisaient la manchette quotidiennement l'automne dernier.

C'est pourquoi le gouvernement Couillard avait pressenti Michèle Audette, ex-présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, pour ce poste. Mme Audette a toutefois préféré un mandat à la commission d'enquête nationale lancée par le gouvernement Trudeau. Mme Audette avait suggéré le nom de Mme Ottawa pour le poste.

Mme Ottawa n'a pas donné suite aux appels de La Presse à son domicile de Québec. Elle a cependant donné des entrevues aux médias attikameks.

NOUVELLE PRÉSIDENTE

Pour lui succéder, le gouvernement Couillard a choisi Louise Cordeau, fille de Fabien Cordeau, qui avait été élu député de l'Union nationale dans Saint-Hyacinthe en 1976. Ex-duchesse du Carnaval de Québec, après avoir pratiqué le droit pendant huit ans, elle avait été chef de cabinet du président de l'Assemblée nationale Jean-Pierre Charbonneau sous le gouvernement Bouchard.

Par la suite, elle a dirigé le bureau de Radio-Canada à Québec pendant six ans et est devenue par la suite éditrice et chef de la direction du Journal de Québec. Elle a aussi oeuvré au sein de l'initiative L'Effet A, visant à encourager l'engagement professionnel des femmes. Elle a siégé au conseil d'administration du Y des femmes de Québec et du Comité sur les femmes dans la profession du Barreau du Québec et de l'Association des femmes entrepreneures du Québec. Elle était l'instigatrice de Québec ville en rose, initiative soutenant la lutte contre le cancer du sein.